Jean-Louis Giovannoni | Derrière la vitre

« Poésie d’un jour




II.



à Fabienne Vallin.






Visage volé vignette détail




Tu as cru que les vitres
portaient en elles l’espace
et qu’il te suffisait de les toucher
pour ne plus être enfermé.

Tu as cru que les vitres
t’accueilleraient en elles
pour te donner ce corps
qui sans cesse bouge au fond de toi
et ne sort pas.

Tu as cru enfin
que dans la transparence des vitres
le monde viendrait attendre ton envol.

Vitres
qui n’ouvrez que sur ce qui sépare
s’éloigne
s’exile.

Vitres
sur les visages des êtres aimés
sur les paysages
sur les choses.

Où tout reste enfermé en lui-même
là où aucune main ne sait ouvrir.

Ces paysages
prisonniers des vitres
et à jamais ouverts dans la transparence.

Mais à peine venus au regard
et déjà clos.

Tu sais maintenant que même si les vitres s’ouvraient
tu resterais au fond de ta chambre
et n’irais pas vers ce qui t’appelle.

Un peu comme ces oiseaux
qui après avoir volé toute une vie
pour trouver un passage dans l’espace
finissent par ne plus voler qu’en eux-mêmes.



rue de Saintonge.



Jean-Louis Giovannoni, Le Visage volé, Poésies complètes 1981-1991, Vignette de couverture de Jaume Plensa, Préface de François Heusbourg, Livre dédié à la mémoire de Jean-Pierre Sintive (1955-2021), Éditions Unes 2021, pp.75,76,77.




Visage volé







JEAN-LOUIS GIOVANNONI

Giovannoni
Ph. © Fabienne Vallin
Source





■ Jean-Louis Giovannoni
sur Terres de femmes


[Ne me laisse pas ici parmi les ombres !] (extrait de L’air cicatrise vite)
[Aucune sortie possible] (extrait d’Envisager)
Ce que l’immobile tient pour geste (extrait de Pastor, Les Apparitions de la matière)
Envisager (note de lecture de Tristan Hordé)
L’Échangeur souterrain de la gare Saint-Lazare (lecture d’AP)
[Vue imprenable] (extrait de L’Échangeur souterrain de la gare Saint-Lazare)
[Huitième voyage à Saint-Maur]
Îles circulaires
[Il faut si peu de chose]
Issue de retour (note de lecture d’Isabelle Lévesque)
Issue de retour (note de lecture d’AP)
[Je ne sais pourquoi l’autruche me fascine autant] (extrait de Journal d’un veau)
[Le jour se lève] (extrait de Sous le seuil)
Mère
[Notre voix] (extrait de Ce lieu que les pierres regardent)
[Nous venons d’un pays qu’on ne peut plus toucher] (extrait de On naît et disparaît à même l’espace)
[Pourras-tu encore témoigner…] (extrait des Mots sont des vêtements endormis)
[toujours cette envie de t’ouvrir]
[Tout se cicatrise] (extrait de Garder le mort)
[Troisième voyage à Saint-Maur]
Jean-Louis Giovannoni | Stéphanie Ferrat, « Les Moches » (note de lecture d’AP)
Jean-Louis Giovannoni | Marc Trivier, Ne bouge pas ! (note de lecture d’AP)





■ Voir aussi ▼


→ (sur Secousse-20)
Dans le microcosme (une lecture de Sous le seuil de Jean-Louis Giovannoni, par Gérard Cartier) [PDF]
→ (sur Terres de femmes)
3 février 1984 | Lettre de Raphaële George à Jean-Louis Giovannoni (+ La Main de Raphaële George, par Jean-Louis Giovannoni)
→ (sur le site de la Maison des écrivains et de la littérature)
une notice bio-bibliographique sur Jean-Louis Giovannoni
→ (sur Secousse-08)
un entretien de Jean-Louis Giovannoni avec Anne Segal & Gérard Cartier (novembre 2012)






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