<<Poésie d'un jour
" Il donne un baiser de pluie… "
Ph.: G.AdC
8–————————————————LES MAISONS
Car toujours, poesia : joie horreur
Bon ! Petit Soleil et Petite-Soie sont revenus sur la pelouse glisse
l’étrange spectacle de leur amour glisse une barque revenue elle aussi
un père fourbu sans poisson, et il rentre et il dit à la famille dans la
maison « Ciel ! qu’il fera bon plus tard dans la vie ! » bon !
La lampe est allumée elle respire, le plancher respire, il n’est pas tard, de
la pluie parfume la gouttière et les vitres, et personne n’a froid.
Maison dernier abri posé quitté, après après, de l’air et des fourmis et
autres visiteurs butés habitués, Ça sent le chocolat un chaton jeté par la
fenêtre Épargné rebondissant sur les dahlias,
Bienvenue Vie plus tard
Bienvenue Inaccessible amour
Bienvenue à la Colère de Pleurer
Colère et joie sortis du flacon dans le ruisseau ! des bulles pour
malheureux et leurs ballots dans le chemin, des bulles et des bulles pour
Averell Dalton-rêvassant poursuivi par le shérif
Puis si grands arbres leur poitrine écureuil, deux chaussures reposent en
Bas, sur l’ombre, Fatigue et Avide liberté reposent aussi sur le côté,
Pieds nus dans l’allée un héros cherche le nom des fleurs
Un nuage
Un héron de fer
Une fille à cheval
D’où venez-vous……………., Il cherche……………………., ne vous comprends
que sur la pointe ou dans l’encoignure de la fenêtre, Et cherche encore
poings serrés, grâce que le jour de pluie dépose ici si près de l’océan,
ne cessent pas : Penser-Espérer-Luire mieux,
Il donne un baiser de pluie, mange au bord de l’océan, il a vieilli et ses
chiens ont vieilli, trop pour les noyer mais les aimer encore, les faire se
coucher au pied d’une bibliothèque de rochers, et d’eau bouillante
Elle vieillit et ses sœurs vieillissent,
—————-comment t’Échapper, Petit Bourreau aux Lèvres Sucrées,
Disent-elles et se souviennent : lianes, sœurs ! et de cuivre ! – comment
Au frais talus en bas de la Sierra, et à l’autre Crochue,
poesia-visage-crevé-empoisonné, Autre Bossue derrière la fenêtre
entre avec pomme si ronde et rouge et douce de caramel, mange blanche
fille crève blanche
et soudain la Fanfare, meilleurs clairons enrubannés,
Hélène Sanguinetti, Le Héros, poésie, En couverture: Caroline Sagot-Duvauroux, Flammarion 2008, pp. 91, 92, 93, 94, 95.
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Ph. D.R. Didier Pruvot © Flammarion
D'origine corse (Castagniccia), née à Marseille le 3 mars 1951, Hélène Sanguinetti vit et travaille actuellement en Provence. Elle adore la mer ― regarder le ciel ― tailler les arbres en boule ― dire ses textes ― lire, beaucoup et très tard dans la nuit les entretiens, les écrits des peintres, les biographies, les livres des peintres, des aventuriers, penseurs, poètes, et aussi le journal L'Équipe. Elle adore le sport et en pratique plusieurs (elle regrette de ne pas avoir joué au rugby). Claude Adelen, poète et critique, perçoit dans le poème d’Hélène Sanguinetti « des sortes de fiction, où l’on entrevoit les profondeurs de quelque roman familial à travers l’opacité d’un mythe » et parle pour qualifier son écriture de « noblesse et roture du langage » et de « souveraineté radieuse » (L’Émotion concrète, L'Act Mem, Fonds Comp’Act, 2004). ■ Hélène Sanguinetti → Le Héros, Flammarion, Collection Poésie/Flammarion, 2008. ■ Voir | écouter aussi ▼ → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique |
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