Edith Södergran | Jours malades

« Poésie d’un jour


SJUKA DAGAR



Trångt är mitt hjärta förvarat i en smal klyfta,
fjärran är mitt hjärta beläget
på en avlägsen ö.
Vita fåglar flyga fram och åter
och bringa budskap att mitt hjärta lever.
Jag vet — hur det lever
av kol och sand
på vassa stenar.

Jag ligger hela dagen och väntar på natten,
jag ligger hela natten och väntar på dagen,
jag ligger sjuk i paradisets trädgård.
Jag vet att jag icke blir frisk,
längtan och trånsjuka bli aldrig bättre.
Jag har feber som en kärrväxt,
jag svettas sötma som ett klibbigt blad.


På bottnen av min trädgård ligger en sömnig sjö.
Jag som älskar jorden
vet ingenting bättre än vattnet.
I vattnet falla alla mina tankar
dem ingen sett,
mina tankar dem jag icke vågar visa för någon.
Vattnet är fullt av hemligheter !






JOURS MALADES



Mon cœur est gardé à l’étroit dans une mince crevasse,
mon cœur est au loin
dans une île perdue.
Des oiseaux blancs font la navette,
ils m’apportent le message que mon cœur est en vie.
Je sais — comme il vit
de charbon et de sable
sur des pierres tranchantes.

Je reste couchée tout le jour et j’attends la nuit,
je reste couchée toute la nuit et j’attends le jour,
je reste couchée, malade, au jardin du paradis.
Je sais que je ne guérirai pas,
désir et langueur n’en finissent jamais.
J’ai la fièvre comme une fleur des marais,
ma sueur est sucrée comme une plante poisseuse.

En bas, tout au fond de mon jardin, un lac somnole.
Moi, qui aime la terre,
je ne reconnais rien de mieux que l’eau.
Dans l’eau s’échouent toutes mes pensées
que personne n’a vues,
mes pensées que je n’ose montrer à personne.
L’eau grouille de secrets !



Edith Södergran, Le Pays qui n’est pas précédé de Poèmes, Orphée/La Différence, 1992, pp. 140-141. Traduit du suédois par Carl Gustaf Bjurström et Lucie Albertini. Présenté par Lucie Albertini.





Edith Södergran  Le Pays qui n'est pas





EDITH SÖDERGRAN


Edith Södergran
Source




■ Voir aussi ▼

→ (sur Esprits Nomades)
Edith Södergran, La voix étrange du pays qui n’est pas
→ (sur La Pierre et le Sel)
Édith Södergran, « un bond dans la liberté de soi »





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