Le poème ci-dessous est récemment paru en français dans Thαumα, Revue de philosophie et poésie (n° 5, « La joie », La Compagnie des Argonautes, février 2009, pp. 249-250-251). La traduction que je mets ici en ligne est celle effectuée le vendredi 24 avril par Maura Del Serra (professeure de littérature comparée à l’Université de Florence) au cours d’un atelier interactif de traduction, dans la Salle Bigongiari de la Bibliothèque San Giorgio de Pistoia, à l’occasion d’un jumelage poétique entre la commune de Pistoia et le Scriptorium de Marseille.

Ph, G.AdC
L’OR DES MOTS
Bleu violine la mer
miroir de lumière
ou peut-être de pluie
mirage des mots nus
― mousses odorantes
émaillées de douceur ―
enchevêtrements de routes
diluées là-bas
― loin ―
sous des cieux indécis
nappes de brume blanche
à perte de regard
― et ton regard
épris de rêves illicites
voilures de l’eau
qui délestent les terres
aplanissement des tracés
des contours
des crêtes et lacis
― et ton sourire
plein d’un ailleurs
indicible d’émoi
où donc sont les oiseaux
― les arbres dorment repliés
dans l’arrondi de leur silence ―
immobilité sans frisson
sinon celui que te donne
la joie d’appartenir au monde
du retrait invisible de l’âme
il pleut au large
lattes dansantes de soleil
versées à grande eau
à l’horizon des monts
cercles de couleur
modulés par les flots
plus noirs plus mauves
non plus noirs
c’est l’orage qui lève
aux abords du rivage
cueille les voix
dispersées de la vague
mille éclats rajustés
dans l’éclat minutieux
d’un grain d’eau qui s’ébroue
dans le creux de la roche
triangle de désir
qui bruit
sous l’or des mots
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
L’ORO DELLE PAROLE
Azzurro viola-porporino il mare
specchio di luce
o magari di pioggia
miraggio delle parole nude
― muschi odoranti
smaltati di dolcezza ―
groviglio di strade
diluite laggiù
― lontano ―
sotto cieli indecisi
coltri di brume bianche
a perdita d’occhio
― e il tuo sguardo
invaghita di sogni illeciti
velature dell’acqua
che alleggeriscono le terre
appiattimento dei tracciati
dei contorni
delle creste e degli intrichi
― e il tuo sorriso
colmo d’un altrove
indicibile di emozione
dove sono gli uccelli
― gli alberi chini dormono
nel sorriso tornito silenzio ―
immobilità senza brivido
se non quello che ti dà
la gioia di appartenere al mondo
del recesso invisibile dell’anima
al largo piove
sciabole danzanti di sole
rovesciate in profluvio
sull’orizzonte dei monti
cerchi di colore
modulati dai flutti
più neri più violetti
non più neri
è il temporale a nascere
sugli approdi della riva
a cogliere voci
disperse dell’onda
mille bagliori armonici
nel minuzioso bagliore
di un granello d’acqua che si crolla
nelle cavità della roccia
triangolo di desiderio
che fruscia
sotto l’oro delle parole.
Traduction inédite de Maura Del Serra
(gemellaggio poetico con l’Associazione Scriptorium di Marsiglia,
Pistoia [Toscana], 24 aprile 2009)
Note d’AP : Maura Del Serra est lauréate du Prix international Mario Luzi 2011 pour son recueil de poésie Tentativi di certezza (Poesie 1999-2009), Marsilio, Venezia, 2010.

Nuova Biblioteca San Giorgio di Pistoia.
Architectes : Pica Ciamarra Associati
(Massimo Pica Ciamarra, Luciana De Rosa, Claudio De Martino)
D.R. Photos et dessin
|
Retour au répertoire d’avril 2009
Retour à l’ index des auteurs
Retour à l’ index de la catégorie Péninsule (littérature et poésie italiennes)
Laisser un commentaire