Isabelle Raviolo





Rien que le désir, la nécessité de peindre




Mise en mouvement d’une substance élémentaire
Correspondances –
Air et terre
eau – feu

Sur le fil – une aile

Apesanteur –
Communication élémentaire


Ni projections ni représentations

L’acte seul
Substantiel –

Le temps est là

Organiquement.
Il naît de son espace –

L’infinité du temps
Joint le vide et la plénitude

Comme l’un et l’autre
Au bout du pinceau

Le cœur, la pensée
L’âme et le corps

Unis dans le geste de peindre –

Et l’espace monte
Monte de la feuille

Lente ascension

Surnaturelle de

L’encre épaisse, fluide

Onctueuse ou sèche :


L’encre, levain d’espace –



*



Lignes et courbes
Traits ou taches

Traces évanescentes ou insistantes

Toutes les formes vibrent, respirent

A leur degré d’être

Et le souffle reçu
Mêle à la vue l’encre du papier –

Les forces se condensent
s’adressent à l’instinct sacré

Elles lui font signe
et ce faisant éveillent dans l’espace organique
la sensation du dépouillement du mental
présence aussi présente qu’insaisissable
perpétuelle ascension de ce qui monte dans la feuille.

L’encre
noir brillant

immobile

jaillit du cœur

Elle va au papier –
Double action essentielle
De l’encre et du vide –



*



Travail du grand silence des forces intérieures
Gestation d’éléphant

Grande poussée de la chair
Aérienne et pensive

Qui dans son retour l’origine

Retrouve

Forme – mouvement et être

Matière transfigurée.



Isabelle Raviolo