Christian Gabriel/le Guez Ricord |
J’aurais vécu en est le nom

«  Poésie d’un jour  »


Or vois les salles d'ombre, le gréement disparu, le guet des parélies perdues
Triptyque photographique, G.AdC







Je n’ai plus connaissance sinon du seul silence qui là-bas m’a reconnu
J’aurais vécu en est le nom car je sais les noms de cette nuit qui est l’épair
Du ciel ici quand je te parle de guérir comme l’on meurt dans la mort de l’autre
Qui était l’étendue, le nom même des choses que l’on n’a pas connues
Or vois les salles d’ombre, le gréement disparu, le guet des parélies perdues,
Ô maitresse d’armes, je te dirai le cœur et le doute du cœur, d’autres preuves,
L’ancienneté du cœur, le miroir sur la table, le vin servi pour ce temps mort,
Et la grève de laves qui portera ton nom, ce qui est là, hasards, chimères,
Pour la mort que nous sommes à ce miroir, et l’orbe blanche où tu m’attends très blanche
Sous la lampe de fièvre parmi les autres qui te nient alors que tu n’es pas,
Or vois la courbure que le rêve anime dans le gel et le bleu des ogives
Et tout ce tremblement de l’âge qui nous guette, que je dois à ce qui sera
Puisque l’ailleurs n’est plus que l’immobile, l’attente de ce qui est, cette mise,
La forêt de jadis, de jamais plus, la manne de lèvres qui ont murmuré :
Est-ce ici que le rêve s’achève ? Que s’altèrent les îles de nos deux corps ?




Christian Gabriel/le Guez Ricord, Le Cantique qui est à Gabriel/le [1968-1988], Le bois d’Orion, L’Isle-sur-la-Sorgue, 2005, page 42. Édition établie par Bernar Mialet.







Cantique







NOTICE BIO-BIBLIOGRAPHIQUE



    Né à Marseille le 9 janvier 1948, Christian Gabriel/le Guez Ricord reçoit le prix Paul Valéry à l’âge de seize ans. Il publie ses premiers textes, dessine et peint, puis, en 1973, devient pensionnaire à la Villa Médicis, à Rome ; son séjour s’achève par une hospitalisation pour des troubles psychiques dont il souffrira de façon croissante.
    Lié à Yves Bonnefoy, Michel Deguy, Pierre Oster, Dominique Sorrente, André Ughetto…, Christian Gabriel/le Guez Ricord a notamment publié La Monnaie des morts (Fata Morgana, Montpellier, 1979), Maison-Dieu I, L’Ave [Le Cantique qui est à Gabriel/le, I/VI](Granit, Paris, 1982), L’Annoncée (Spectres familiers, Le Revest-les-Eaux, 1983).
    Le 7 juin 1988, Christian Gabriel/le Guez Ricord est retrouvé mort dans son appartement marseillais, des suites d’une surdose médicamenteuse.





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Note : le jeudi 20 novembre 2008 a eu lieu, en présence d’un public très nombreux, la soutenance de thèse de doctorat d’Ana-Maria Gîrleanu-Guichard : Négation et transcendance dans l’œuvre de Christian Gabrielle Guez Ricord (École Normale Supérieure, 45 rue d’Ulm, 75005 Paris).

    Jury :

Michel DEGUY
Jean-Pierre DUBOST
Jean-Yves MASSON
Jean-Michel MAULPOIX
Michel MURAT (directeur de thèse)





CHRISTIAN GABRIEL/LE GUEZ RICORD


Guez Ricord 2
Source




■ Christian Gabriel/le Guez Ricord
sur Terres de femmes


[À nouveau seul]




■ Voir | écouter aussi ▼


→ (sur le site du Matricule des Anges)
un article de Richard Blin sur Le Cantique qui est à Gabriel/le
→ (dans Lettre de la Magdelaine)
Christian Gabriel/le Guez Ricord : le « grand testament », par Ronald Klapka
→ (sur le site du cipM)
une notice bio-bibliographique sur Christian Gabrielle Guez Ricord
→ (sur Wikipedia)
une belle bio-bibliographie de Christian Gabriel/le Guez Ricord
→ (sur Terres de femmes)
Dominique Sorrente | Le temps sans rideaux
→ (sur YouTube)
Gabriel/le GUEZ RICORD – À la croisée mystique de la folie et de la mort (émission « Surpris par la Nuit », par Catherine Couillard, diffusée le 5 avril 2001 sur France Culture)





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Commentaires

  1. Avatar de Christiane
    Christiane

    Qu’une telle douleur ait arraché au « jamais plus » cette vivante esquisse, que ces vers si longs et si mélodieux puissent nous offrir cet hymne à l’amour et à ses merveilles d’avènement, que ce jour nous soient offerts tous ces liens à ouvrir si riches et émouvants, transforment cette mémoire d’un qui n’est plus en un qui est dans « la lumière blanche » et nous ouvre au désir de durer et d’aimer. Merci Angèle.

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