Béatrice Bonhomme | La terre rouge

«  Poésie d’un jour  »



Portrait_de_batrice_bonhomme
Image, G.AdC





LA TERRE ROUGE



La terre rouge, une déchirure de nuit, les grands grumeaux de terre éclatant dans les vignes. La sueur rousse écartelée. Un prieuré sévère en pierres de sable s’écoulant dans les chênes, les vignes comme une rose non encore ouverte au prisme de verdure. Le vert et le rouge échangent des provocations d’amour. Le silence éclate au cœur.

Les dédales d’un labyrinthe brûlant dans le vent des pierres, comme un marché au désert, et parfois une oasis de platanes à l’ombre d’un jardin retiré, la brûlure d’une traversée silencieuse dans les ruelles de la ville, puis l’ombre recueillie d’une maison offerte au sable. La fresque porte la lumière, trois fois ourlée des cordelettes de prière.

Sur les murs de la maison qui va être détruite, les taches de couleur, les oiseaux, les marques du désir ont laissé une colle rose. Les couleurs éclaboussent le matin, dans les formes enfantines d’un trait mal défini. Le sabre entre les cuisses, la fresque viole la lumière dans une fin d’après-midi qui doit mourir.

Une fontaine est posée entre les murs, sa pluie avive les couleurs projetées dans la lumière.



Béatrice Bonhomme, Courbe de calligraphie silencieuse (extrait) in Revue Nu(e), 34, septembre 2006, page 97.





Le_silence_clate_au_cour
Ph., G.AdC





BÉATRICE  BONHOMME


Béatrice Bonhomme Bourdelas 2
D.R. Ph. Laurent Bourdelas





■ Béatrice Bonhomme
sur Terres de femmes

Tharros (extrait des Boxeurs de l’absurde)
Mutilation d’arbre (lecture d’AP)
Le pacte des mots
Passage du passereau
[Les petits chevaux de Tarquinia]
Poumon d’oiseau éphémère
Sauvages
T’écrire adolescent
Tes nuits sont devenues mes jours
Variations du visage & de la rose (lecture de France Burghelle Rey)
→ (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
Un lacis de sang et d’ombre
→ (dans la galerie Visages de femmes)
le Portrait de Béatrice Bonhomme-Villani par Guidu Antonietti di Cinarca, un poème extrait de Poumon d’oiseau éphémère et l’excipit de Mutilation d’arbre



■ Voir aussi ▼

→ (sur Terres de femmes)
Kaléidoscope d’Enfances
→ (sur Wikipedia)
une belle bio-bibliographie de Béatrice Bonhomme
→ (sur Terres de femmes)
La rencontre Hölderlin-Jouve-Klossowski par Béatrice Bonhomme et Jean-Paul Louis-Lambert
→ (sur le site de la Revue d’art et de littérature, musique)
un entretien de Rodica Draghincescu avec Béatrice Bonhomme (Numéro 45 – décembre 2008)





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Commentaires

  1. Avatar de Jean-François Agostini
    Jean-François Agostini

    « Il a fallu longtemps laisser couler le bleu de l’encre pour réparer le gris des choses. »
    id., p. 99.

  2. Avatar de Ellise
    Ellise

    Très souvent, j’aime les textes que vous publiez. Les vôtres, toujours. La découverte de certains textes ou auteurs me plaît. « Illustrés » ou non, légendés par la « souris » ou pas. Ce matin, l’image avant le billet… J’avais bien sûr lu le titre sur le fil « Béatrice Bonhomme/La terre rouge » … L’image, la photographie – première vue, première lue, puis… lu le texte de Béatrice Bonhomme – Beau. Alors là, l’image me choque, me gêne. Trop crue ? Trop concrète ? Trop visible ? Trop ?
    Angèle, merci d’offrir votre texte quotidien.
    Ellise (en réaction à chaud).

  3. Avatar de Angèle

    Merci, Ellise, pour cette réaction à chaud. J’en apprécie la sincérité et la justesse d’analyse. L’image en effet, très incisive, crissante et stridente, captait le texte et en orientait la lecture. J’ai donc pris la décision de la réduire et de la déplacer. De sorte qu’elle soit perçue comme un point d’orgue du texte.

  4. Avatar de France
    France

    Et bien moi j’aime justement la violence et la déchirure sensuelle de ce vocabulaire, le sang sur le tranchant des rochers : tout cela m’évoque la douleur à dire, les hurlements intérieurs. Et puis, chaque phrase abrupte est suivie d’une autre plus douce et apaisée, comme un mouvement intime qui va et vient d’un extrême à l’autre.
    Fidèlement, même si silencieusement, vôtre.
    France

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