![]() Ph., G.AdC Se tenir là. Sur cette rive. Pieds nus dans le silence des éboulis. Le long du lit mobile. La pente se tenant elle aussi sur la rivière. Se dressant dans le bleu excédé. Se retenant dans la chute à sa propre disparition. Elle finira par se laver de sa verticalité légendaire. Dans le mélange des chemins. Le retournement des fon-
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CASALUNA La rivière Casaluna prend naissance dans le flanc ouest du San Petrone en Corse et se jette vingt-sept kilomètres plus loin dans le Golo pour y rejoindre la mer. « J’ai longtemps cru que cette rivière était la mienne. J’aurais pu m’arrêter d’écrire là » (Joël Bastard). Pendant les deux mois qu’il a passé au Mali, au bord du fleuve, le poète Joël Bastard n’a cessé de penser à la Corse, à l’eau de la rivière et à l’eau du lavoir. Des images anciennes refluent, durablement inscrites dans la mémoire. Et qui jaillissent dans le poème comme des instantanés, à la manière des Chjami è rispondi de l’enfance. Seul le rythme change, qui est celui de l’alexandrin. La rivière, fil rouge qui conduit le poète, le guide, pendant deux années, dans une écriture chronologique et physiologique : « J’évolue avec ce que je suis en train d’écrire, j’avance, je marche avec mon écriture », déclare modestement Joël Bastard. A Ségou, les bibliothèques n’existent pas. Le poète écrit en marchant, page blanche et encre noire très concentrée. Il faut que le mot soit épais. Le livre s’écrit dans le flux de la lumière. Et la marche induit des manières différentes de penser et d’écrire. Poème creusé par l’absence, Casaluna est le « tombeau de la mère ». Mais au-delà de la part autobiographique, par son langage, Casaluna rejoint l’universel.
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→ Bakofé → Chasseur de primes (lecture de Paul de Brancion) → Une cuisine en Bretagne (lecture d’AP) → Le visage de Mah ■ Voir aussi ▼ → le blog de Joël Bastard |
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