Rencontre inédite autour de Charles Juliet


Juliet






ATTENTIVEMENT CHARLES JULIET



    J’ai entre les mains l’ouvrage que m’a récemment fait parvenir Marie-Thérèse Peyrin : Attentivement Charles Juliet. Je remercie Marie-Thérèse, grande prêtresse de « l’incitation poétique », de m’avoir offert ce livre de passion, témoignage de belle et précieuse amitié.

    Coédité par l’association lyonnaise « La Cause des Causeuses » et J A Éditeur, cet ouvrage rassemble « lettres, croquis et peintures dédiés à Charles Juliet ». Ces « Lettres d’Ami(e)s » ont été collectées à l’occasion du 10e Printemps des Poètes à Lyon. Les lettres adressées à Charles Juliet par les 47 auteurs, poètes et amis réunis dans cet ouvrage, sont un écho parfaitement synchrone avec le thème de l’Éloge de l’autre, proposé par Jean-Pierre Siméon. Lettres émouvantes ― écrites parfois sous forme de poèmes ―, vibrantes de vérité pudique, hommage à l’écrivain et à l’homme « rassurant » qu’est Charles Juliet. Un alchimiste et « sourcier », à qui ses lecteurs doivent beaucoup.

     Ainsi témoigne Paul Otchakovsky-Laurens qui écrit :

     « Qu’il s’agisse de ta poésie, lapidaire, mais chaque pierre y est comme taillée pour y être encore plus pierre que la plus pierre des pierres ― et pourtant ces pierres diffusent, rayonnent, irradient; qu’il s’agisse de tes fictions, roman, nouvelles, récits, rencontres dont l’économie de moyens et tout à la fois la force dramatique restent inatteignables; qu’il s’agisse de tes journaux qui, pour avoir gagné ligne après ligne cette sérénité vers quoi ils tendaient n’en demeurent pas moins empreints de la gravité qui en marquait les premières pages : ton œuvre entière m’est un insistant mais amical rappel à l’ordre. Je pense qu’elle est présente à chacun des moments de ma vie, et particulièrement à l’heure des choix. » (pp. 107-108.)

     Ou encore Jean-Pierre (Jean-Pierre Siméon) dans cette lettre adressée à Charles Juliet :

Mon cher Charles,

    « AUJOURD’HUI en Auvergne le ciel est peint d’un gris discontinu, mouvant, dynamique qui s’ouvre parfois sur l’au-delà d’un bleu fragile mais têtu : on dirait un Bram Van Velde. N’est-ce pas le décor qu’il faut pour t’écrire ?
     Au fait, c’est mieux qu’un décor : ce bleu modeste mais sûr, cette clarté qu’incessamment dérobe l’épaisseur des nuages, voilà peut-être par coïncidence l’image juste de ce qui aimante ton travail d’écrivain. Je devrais dire : ton travail d’homme.
    Oui, il faut dire : ton travail d’écrivain qui est ton travail d’homme, parce que c’est dans cette exacte équivalence, rarement prouvée par ailleurs dans ce qu’on nomme le champ littéraire, que réside à mes yeux la singularité précieuse de ton œuvre. » (p. 138.)

     Un bel ouvrage attachant que celui qu’a réalisé Marie-Thérèse Peyrin. Ouvrage de partage, généreux et attentif à l’autre, à tous les autres, connus et moins connus, rassemblés autour de la présence chaleureuse de Charles Juliet. Joël Vernet, François Bon, Jean-Gabriel Cosculluella, Marie-Ange Sebasti, Anne Lauricella, Marie Morel, Véronique Morin… Et Tanguy Dohollau pour les dessins, Fanny Batt, Bobi and Bobi, Jean-Yves Pennec, Emmanuelle Rey, Anik Vinay pour les peintures. Guylaine Carrot, Rajak Ohanian, Sylva Villerot pour les photos.

    Avec, en exergue, un poème de Guillevic. Et en postface, un poème de Marie-Thérèse Peyrin elle-même :

« tes mains
pleines
débordantes


tes mains où s’enracine le chant fécond de l’autre source
l’onctueuse                           pulsatile                           « l’intacte »

au seuil de toute offrande
à l’aval de toute coulure lumineuse
abouchée à nos paumes rouvertes
à nos lèvres débridées

nos vies enfin debout

renouvelées

nos vies sauves…


au long de tant de jours et d’aléas,
grand bonheur, mon cher Charles, à croiser si souvent ton chemin… »



Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli



CHARLES JULIET


Charles Juliet
Source




■ Charles Juliet
sur Terres de femmes


En surface
ma hâte
[Rien ne s’annonce]
25 octobre 1964 | Première rencontre Charles Juliet-Bram Van Velde
22 décembre 1989 | Charles Juliet, L’Autre Faim, Journal V
3 septembre 1990 | Charles Juliet, L’Autre Faim, Journal V
15 septembre 1990 | Charles Juliet, L’Autre Faim, Journal V




■ Voir | écouter aussi ▼


→ (sur Dailymotion) Charles Juliet :
L’exultation calme (vidéo)
Charles Juliet, attentivement (site dédié à l’oeuvre de Charles Juliet)





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Commentaires

  1. Avatar de Pascale
    Pascale

    Un beau livre donc, qui fait écho à Les Mains de Charles Juliet de la même Marie-Thérèse Peyrin, et Armand Dupuy ; illustré par Fanny Batt, Tanguy Dohollau et Fred Bonna ; préfacé par Marie-Ange Sebasti et publié en 2006 par les Editions Sang d’Encre de ma (presque) voisine Jackie Plaetevoet. Que du très beau monde !

  2. Avatar de Angèle Paoli

    … et une postface de Mohammed El Amraoui :
    « […] et toujours toujours la sensation d’être définitivement la lisière entre ce qu’est être et ce qu’est penser être […] ».
    Merci Pascale, d’avoir rappelé l’existence de ce livre d’ »hommage à Charles Juliet » aux lectrices et lecteurs de TdF, dans la très belle collection Opuscules. A ma connaissance, il s’agit d’un tirage limité à 100 exemplaires (c’est du moins ce que je vois sur la page d’achevé d’imprimer).

  3. Avatar de Pascale
    Pascale

    Ah oui. Le travail d’orfèvre de Jackie.

  4. Avatar de Mth P

    Merci Angèle et Pascale pour cet écho favorable à mon coup de folie heureuse qui a transité par les Editions Artisanales Sang d’Encre (Jackie) en 2006 pour alunir chez JA Editeur en 2008 en passant par la Médiathèque Marguerite Duras de Lyon Bachut pour le Printemps des Poètes 2008 et son Eloge de l’autre. En amont il y a dix ans de compagnonnage privilégié avec Charles Juliet avec qui tout dialogue sur les conditions de l’écriture s’avère fécond et partageable.
    « Ecouter l’Autre c’est le faire Exister ».
    Une phrase bien rare et utile lorsqu’on sait combien il est difficile de faire circuler les mots d’être à être sans distorsion, ni manipulation.
    4
    ils ont disparu
    ceux dont le regard
    te renvoyait ton enfance
    te parlait du village
    gardait mémoire
    de ton jeune passé
    mais parfois
    sans que tu songes à eux
    ils réapparaissent
    avec leurs bêtes
    au détour d’un sentier
    ils n’ont jamais été
    aussi présents
    tu ne les as jamais
    autant aimés.
    Charles Juliet, L’Opulence de la nuit, P.O.L., 2006, page 44.

  5. Avatar de Thaïs

    Je viens de découvrir Charles Juliet avec son livre Lambeaux, c’est peu de dire que j’ai été remuée par ce qu’il écrit… Une merveille !

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