Julien Bosc | (Et toi, qui es-tu ?)

«  Poésie d’un jour  »



Et ma solitude
Ph., G.AdC






(ET TOI, QUI ES-TU ?)




Serti par des racines d’héliotropes blancs et mauves, un échange ― aux confins du désir :
― Que regardes-tu ?
― Le dais d’ombre par-dessus les pliures de la mémoire.
― Que vois-tu ?
― Rien. La nuit. Une citadelle. Un pont de pierre. Des fougères orange ou jaunes le long d’un chemin. Le ciel violet du couchant. L’erg silencieux. Une très grande tristesse. Ta solitude. La mienne. Rien. La nuit.
― Comment est la nuit ?
― Claustrée, butinée par les abeilles.
― Et la citadelle ?
― Désertée.
― Et le pont de pierre ?
― Ouvert de part en part, délié du présent par la mortelle blessure.
― Et les fougères ?
― En javelles, fauchées par des grêlons de miel.
― Et le couchant, le ciel violet ?
― Et l’erg silencieux ?
― Sans cesse mouvant quoique immuable ?
― Et la très grande tristesse ?
― Amnésique, repliée sur elle-même, en boule.
― Et ma solitude ?
― Semblable à la mienne.
― Et la tienne ?
― Sans égale.
― (Et toi, qui es-tu ?
― La question à laquelle ni toi ni moi ne pouvons répondre.)



Julien Bosc, Je n’ai pas le droit d’en parler, Atelier La Feugraie, Collection L’Allure du chemin, dirigée par Jean-Pierre Chevais et Alain Roger, 14770 Saint-Pierre-la-Vieille, 2008, pp. 26-27.







Bosc Feugraie





JULIEN BOSC


Julien Bosc
Source



Né en 1964 à Boulogne-Billancourt. Ethnographe (spécialiste de la sculpture africaine et plus particulièrement de la statuaire lobi), Julien Bosc a publié deux textes aux éditions L’Éther vague/Patrice Thierry (maison d’édition toulousaine reprise par les éditions Verdier après la mort de Patrice Thierry en 1998) : L’Oculus (récit, 1991), Préludes (nouvelles, 1995) ; aux éditions Détroits, Distraction (1999) ; aux éditions Unes, Pas (1999) ; aux éditions Rehauts, Maman est morte (2012) ; chez Approches-éditions, Tout est tombé dans la mer (2014) ; aux éditions la tête à l’envers, De la poussière sur vos cils (2015) ; aux éditions Quidam, Le Corps de la langue (2016. Préface de Bernard Noël) ; aux éditions Potentille, La Coupée (2016) ; à l’Atelier de Villemorge, Le Verso des miroirs (2018) ; aux éditions la tête à l’envers, Elle avait sur le sein des fleurs de mimosa (2018) ; aux éditions faï fioc, La Demeure et le lieu (2019) ; aux éditions Collodion, Goutte d’os (2020. Préface de Françoise Clédat). Vient de paraître, en juin 2020, aux éditions le Réalgar : Le coucou chante contre mon cœur, ultime recueil posthume.
Julien Bosc a fondé en 2013 et dirigé les éditions Le phare du Cousseix. Il est décédé le 26 septembre 2018 à Croze (Creuse).




■ Julien Bosc
sur Terres de femmes


Le coucou chante contre mon cœur (lecture d’AP)
[Nous pourrions dire une forêt] (extrait du Coucou chante contre mon cœur)
[Hormis les lèvres où mourir] (extrait de De la poussière sur vos cils)
La Demeure et le Lieu (lecture d’AP)
[marcher chaque jour] (extrait de La Demeure et le Lieu)
[Nue-pâle sous sa toilette de satin noir] [extrait d’Elle avait sur le sein des fleurs de mimosa]
Elle avait sur le sein des fleurs de mimosa (lecture d’AP)
Goutte d’os (lecture d’AP)




■ Voir aussi ▼


→ (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
une fiche bio-bibliographique sur Julien Bosc
le site des éditions la tête à l’envers
le site des éditions Le phare du cousseix
→ (sur Terre à ciel)
Hommage à Julien Bosc, par Isabelle Lévesque





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Commentaires

  1. Avatar de agnès
    agnès

    Très beau texte, tout de questionnement…

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