Gesualdo Bufalino, Musée d’ombres

Gesualdo Bufalino,
« Petites estampes des années trente »



Douceur_dautomne_et_son_grain_damer
Ph., G.AdC






PRIMA LICEO


    Amarognola dolcezza d’autunno, quando alle prime folate ottobrine le altalene dondolano vuote nell’orto e l’enfasi del sole si spegne dentro una grigia ceneriera di nuvole… Ora della vacanza non resta che un rullino di pose bruciate, dove il viso di lei è un barbaglio appena. E somiglia a un odore di pioggia l’odore dei libri intonsi sul tavolo, benché prometta reami e isole da visitare, piene di forzieri e di scheletri, come quelle dei pirati. Ma domani, dicono, una compagna nuova verrà, che parla in italiano, e non porta grembiule, e veste a colori. Dicono che dà del tu subito a tutti. Chissà se è vero.





L’ENTRÉE EN PREMIÈRE


    Douceur d’automne et son grain d’amertume, quand sous les premières rafales d’octobre les balançoires se balancent vides au jardin et quand l’emphase du soleil s’éteint, prise en un cendrier de nuages gris. Des vacances à présent seul demeure un rouleau de clichés brûlés gardant d’elle son visage… à peine un éblouissement. Et c’est à une odeur de pluie que ressemble l’odeur sur la table des livres non coupés, bien qu’elle promette des royaumes et des îles à visiter, pleines de coffres et de squelettes, tout comme celles des pirates. Mais demain, dit-on, une nouvelle compagne nous viendra, qui parle en italien, ne porte pas la blouse et s’habille de couleur. On dit qu’elle tutoie d’emblée chacun. Qui sait si c’est vrai.


Gesualdo Bufalino, « Petites estampes des années trente », Musée d’ombres [Museo d’ombre, Palermo, Sellerio, 1982], Cahiers de l’Hôtel de Galliffet, Textes/Testi, XVIII, Edizioni dell’Istituto Italiano di Cultura, Paris, 2008, pp. 142-143. Traduit de l’italien par André Lentin et Stefano Mangano.






Musee_d_ombre








    « Musée d’ombres de Gesualdo Bufalino est un inventaire de métiers disparus, de lieux de mémoire, de locutions tombées en désuétude et de vieilles « estampes » qui miment la vie d’une bourgade de la Sicile ionienne, Comiso, telle qu’elle se déroulait dans les années trente. […]
    Bufalino est un lecteur solitaire, un sédentaire solfiant des mémoires et qui, en voyage en une chambre fermée, d’un claquement de doigts exorcise un instant le temps et la mort et, d’une conjuration, ramène en vie, entre les évanescences d’une lanterne magique et d’un théâtre d’ombres, les « cires perdues » […] d’une communauté disparue. » (Salvatore Silvano Nigro, Préface de Musée d’ombres).



■ Gesualdo Bufalino
sur Terres de femmes

Paese (+ notice bio-bibliographique)


■ Voir aussi ▼

→ (sur it.Wikipedia)
un article (en italien) sur Gesualdo Bufalino



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