Thomas Stearns Eliot | What is that noise?

«  Poésie d’un jour  »



Le vent sous la porte.
Ph., G.AdC






WHAT IS THAT NOISE ?



‘ What is that noise?’
                                             The wind under the door.
‘What is that noise now? What is the wind doing?’
                                             Nothing again nothing.
                                                                                             ’Do
‘You know nothing? Do you see nothing? Do you remember
‘Nothing?’

      I remember
Those are pearls that were his eyes.







QUEL EST CE BRUIT ?



« Quel est ce bruit ? »
                                             C’est le vent sous la porte.
« Qu’est-ce encore que ce bruit ? Que peut bien faire le vent ? »
                                             Rien. Toujours rien.
                                                                                       « Comment !
« Tu ne sais rien ? Tu ne vois rien ? Tu n’as gardé mémoire
« De rien ? »

      Je me souviens
Those are pearls that were his eyes.




Thomas Stearns Eliot, La Terre vaine [The Waste Land, 1921-1922], Éditions du Seuil, 1976, pour la traduction française ; Collection Points Poésie, 2006, pp. 68-69. Traduit de l’anglais par Pierre Leyris.






Those are pearls that were his eyes
Michelozzo degli Ambrogi, dit Melozzo da Forlì,
Ange musicien (détail), 1480.
Fresque de l’abside (démembrée en 1771)
de la basilique des SS. Apostoli in Roma.
Pinacothèque Vaticane, Roma.
Ph., G.AdC




Note d’Angèle : Those are pearls that were his eyes (Shakespeare, The Tempest, Act 1, Scene 2, The island. Line 399).





THOMAS STEARNS ELIOT


T.S. ELIOT
Source


■ T.S. Eliot
sur Terres de femmes

15 décembre 1922 | Première publication de The Waste Land
Tournons autour du fi-guier



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Commentaires

  1. Avatar de Christiane
    Christiane

    C’est tellement proche de Pessoa ! On dirait qu’ils ont entendu cette même absence gémissant dans le rien. Le Livre de l’intranquillité ? C’est le nom même de la poésie…
    « Le vent s’est levé… C’était d’abord comme la voix d’un espace vide… L’espace soufflant à l’intérieur d’un trou, une faille dans le silence de l’air. Puis est monté un sanglot, un sanglot du bout du monde, et l’on s’est aperçu que les vitres tremblaient et qu’en réalité c’était le vent. Puis cela a résonné plus loin, un hurlement sourd, des pleurs dépourvus d’être face à la nuit grandissante, un grincement de choses diverses, une chute de petits morceaux, un atome de fin du monde… »
    Pessoa… T.S Eliot… Même présence au monde de l’indicible…

  2. Avatar de johal

    Sous la porte suintent les vents furieux, agrégés en des étouffements de pourpre. Qui les entend dans un monde aux oreilles rongées par cette lèpre d’immobile ? Quelles lèvres affamées baiseront les souffles sauvages des entre-murs ?

    Merci Angèle de votre mot chez moi. Et merci pour ces découvertes tempétueuses. Découvertes splendides.

  3. Avatar de Pascale
    Pascale

    Un petit pas de plus en direction de ma longue réconciliation avec Shakespeare. Merci.

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