Zéno Bianu | Credo


«  Poésie d’un jour  »






Credo
D.R. Ph. Sarah Foliard






CREDO
[EXTRAIT]



je crois à l’opacité solitaire
au pur instant de la nuit noire
pour rencontrer sa vraie blessure
pour écouter sa vraie morsure

je crois à ces chemins
où le corps avance dans l’esprit
où l’on surprend
le bruit de fond des univers
par ces yeux
que la nuit
a pleurés en nous
par ces yeux que la vie
a lavés en nous

je crois comme Trakl
qu’il faut habiter la lumière
par un long questionnement
sans réponse

je crois à Zoran Music
dessinant ses fagots de cadavres
sur de mauvais papiers
trouvant encore la vie
au fond du désarticulé
au fond de l’incarné
au fond de l’éprouvé
exorciste
vertical

je crois aux cassures
de fièvre
aux sursauts de nuit
aux césures de nerf

je crois
qu’il faut prendre appui
sur le vent
s’agenouiller en mer
et se vouer
à l’infini



Zéno Bianu, Infiniment proche (poème), Éditions Gallimard,
Collection L’arbalète, 2000, pp. 122-123-124.






ZÉNO BIANU


Zeno Bianu 2
Source




■ Zéno Bianu
sur Terres de femmes


Du plus loin… (extrait de Fatigue de la lumière)
Bleu Haïku (extrait de Petit éloge du bleu)
Miroir de tous les doubles (extrait de Satori Express)
Zéno Bianu | Yves Buin | [Musique antérieure de l’origine océane] (extrait de Santana de toutes les étoiles)






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Commentaires

  1. Avatar de Christiane
    Christiane

    Je crois en ce rayon infime, frissonnant, balbutiant et tatônnant de la lumière qui tremble dans cette obscurité froide et désolée.
    Je crois en ces ongles qui déchirent les voiles de l’ombre vorace.

  2. Avatar de johal

    Restée sans voix,
    merci

  3. Avatar de Sylvaine

    « …habiter la lumière »
    et…
    « …L’éclair me dure. Il n’y a que mon semblable, la compagne ou le compagnon,
    qui puisse m’éveiller de ma torpeur, déclencher la poésie,
    me lancer contre les limites du vieux désert afin que j’en
    triomphe. Aucun autre. Aucun autre. Ni cieux, ni terre privilégiée, ni
    choses dont on tressaille, ne le peuvent. Torche, je ne valse
    qu’avec lui… »

    La bibliothèque est en feu, in René Char, Dans l’atelier du poète, Quarto Gallimard, octobre 1966, page 730. Édition établie par Marie-Claude Char.

  4. Avatar de Mathilde
    Mathilde

    « à tout jamais d’un cri de vie
    coupable de vie , d’amour, de poésie (…)

    Avec mon poids de ciel / mon pouls de boue »
    Marcel Hennard

  5. Avatar de Christiane
    Christiane

    Quelle photo époustouflante !

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