Limon de haut vertige | Limo d’alta vertigine

Poésie croisée sur les remparts de Pistoia, II

Escalier_enlov_reverso
Ph, G.AdC





LIMON DE HAUT VERTIGE


À l’envers de tout le matin reflue vers la nuit
entre ciels d’éveil et terres d’ombre
les marches à rebours vers l’obscur et la rampe
escalier inversé en quel sens prendre se déprendre
monter descendre décentrer
                                                           comment mettre un pied
derrière devant dessous dessus arrière l’autre
atteindre là-haut sous les toits le sommet
dérobé de l’antre jonction des marches et du seuil
ramper ventre à terre laminé s’accrocher singe habile
au revers des planches tablettes volée

échelle de la déraison
qui t’oblige ange déchu
livré au soliloque du vent
à grimper tête en bas
l’escalier enlové

mains crispées au timon de la rampe tu te hisses
limon de haut vertige vers un point qui t’échappe
fuit se refuse et là-haut un gouffre blanc
de presque lumière une béance qui s’enlargit
à mesure et au fur que l’escalier élance son hélice
et sa spirale hisse vers le ciel dévasté
de ta chambre-navire

sagittaire lancé
au giron de ta nuit.

Cunchigliu, 26 février 2008


Angèle Paoli, Limon de haut vertige, La Revue des Archers, Publication littéraire semestrielle, n° 16, mai 2009, page 156.






LIMO D’ALTA VERTIGINE


A rovescio di tutto il mattino rifluisce verso la notte
tra cieli di risveglio e terre d’ombra
i gradini al ritroso verso l’oscuro e la ringhiera
scala rovesciata in che senso prendere distaccarsi
salire scendere disassare
                                                       come mettere un piede
indietro davanti sotto sopra dietro l’altro
sotto i tetti raggiungere lassù la cima
spoglia dell’antro unione dei gradini e della soglia
strisciare ventre a terra laminata aggrapparsi
scimmia abile
sul rovescio delle assi mensole involata

scala della sragione
che ti obbliga angelo caduto
in preda al soliloquio del vento
ad arrampicarti testa in giù
la scala acciambellata

mani contratte sul timone della ringhiera ti issi
limo d’alta vertigine verso un punto che ti sfugge
fugge si nega e lassù un abisso bianco
di semiluce un varco che si allarga
via via che la scala leva l’elica
e la spirale issa al cielo devastato
della tua camera-nave

sagittario lanciato
nel grembo della tua notte.


Traduction inédite de Maura Del Serra
(gemellaggio poetico con l’Associazione Scriptorium di Marsiglia,
Pistoia [Toscana], 24 aprile 2009)






LIMO D’ALTA VERTIGINE


In totale rovescio il mattino rifluisce verso la notte
tra cieli di risveglio e terre d’ombra
i gradini al contrario verso il buio e la ringhiera
scala invertita su quale senso imbrigliare si sbroglia
salire scendere decentrare
                                                       come mettere un piede
dietro davanti disotto disopra indietro l’altro
raggiungere lassù sotto i tetti la cima
derubata dell’antro giunzione di gradini e di soglia
strisciare ventre a terra assottigliata aggrapparsi abile
scimmia
al rovescio delle assi tavolette involata

scaletta dell’insensatezza
che ti obbliga angelo caduto
in balìa del soliloquio del vento
a rampicare testa in giù
la scala inciambellata

mani contratte sul timone della ringhiera tu ti issi
limo di alta vertigine verso un punto che ti scappa
sfuggito si nega e lassù un baratro bianco
di quasi luce uno spacco che s’inlarga
via via volta volta che la scala slancia la sua elica
e la sua spirale issa verso il cielo devastato
della tua camera-nave

sagittario lanciato
al grembo della tua notte


Traduction d’Alessandro Ceni
(gemellaggio poetico con l’Associazione Scriptorium di Marsiglia,
Pistoia [Toscana], 24 aprile 2009).

La traduction ci-dessus a été lue par Alessandro Ceni le soir du vendredi 24 avril dans l’auditorium Tiziano Terzani de la Bibliothèque San Giorgio de Pistoia, à l’occasion d’un jumelage poétique entre la commune de Pistoia et le Scriptorium de Marseille. Cette traduction a été publiée (en même temps que le poème original) dans la revue italienne de poésie comparée Semicerchio (Casa editrice Le Lettere, Firenze, dicembre 2009, pp. 31-32).




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Commentaires

  1. Avatar de Webmestre de TdF

    Ce poème et sa traduction seront lus en public ce soir dans la Bibliothèque San Giorgio de Pistoia à l’occasion du jumelage poétique entre le Scriptorium de Marseille et la commune de Pistoia.

  2. Avatar de brigetoun ou brigitte celerier

    le dur mouvement pour s’élever jusqu’au vertige

  3. Avatar de Mth P

    « échelle de la déraison
    qui t’oblige ange déchu
    livré au soliloque du vent
    à grimper tête en bas
    l’escalier enlové »
    Position non paradoxale d’une sollicitude acquise à la mesure des aller-retour qui forgent la résilience du coeur et la patience neuve. Il a fallu voler très haut pour apprendre à gravir et à dévaler cet escalier de joies et de peines mêlées. L’ange en toi est un oiseau insulaire docile et indompté. La chambre comme le petit port de Saint-Florent, partout sur la terre, Italie ou désert… partout ailleurs où l’ange imaginaire fait sécher ses plumes à l’air libre. Il se peut… Bouffée de saveurs … Sur la voix de Petru Guelfucci au petit matin… Parfait ! E tanti baci à la maisonnée !

  4. Avatar de Angèle Paoli

    Merci, Mth, c’est un bel hommage que tu me rends là. Et je n’y suis pas insensible.
    Pour tout te dire, le vertige fait partie intégrante de ma vraie nature et je l’expérimente régulièrement. J’apprends même à le prévenir et à l’apprivoiser. Sans doute l’écriture participe-t-elle, à sa manière, à cet apprivoisement. Le vertige comme mode d’être ?

  5. Avatar de Mth P

    Le Vertige de l’Ange … une belle métaphore à engranger sous un nuage marin … Vestiges d’eau et d’air sous la coupe du rêve… Tranches de vie … Manière d’être avec et sans … au dessus et autour d’un champ bleu brodé par l’asphodèle… Femme Corse… Métissée d’horizons verticaux.

  6. Avatar de Angèle Paoli

    C’est bien vu, ma Belle! Je te reconnais bien là, dans ta sagacité à dépister les images essentielles!
    Las, les asphodèles sont déjà passées !! Leur verticalité bat déjà de l’aile. Mais les cistes, les blancs et les mauves, étoilent le maquis et les vagues blondes des genêts dorent les pentes, dociles sous le vent. C’est une féerie qui ne t’est pas tout à fait étrangère, je crois.

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