Angèle Paoli | Guidu Antonietti di Cinarca | Murales

Série Murales


Murale I
Ph., G.AdC





MURALE I



écaille
la vie      le rêve tremble
dans ses cercles
enjolive les sens
de la fête
toi que ton nom
lézarde sous ciel brûlé

champ chromatique
de la douleur.







Murale II
Ph., G.AdC





MURALE II



terre d’ambre la roue s’en vient
tourne détoure chuintements
de notes déroulés de vagues blondes
en ondes brunes
et le Ô mordoré de ton nom
je le lisse en serpent de nuit
sur la ligne de partage
de l’horizon

zeste d’effroi
dans cri de craie.







Murale III
Ph., G.AdC





MURALE III



c’est vrai
ton cœur lassé
a laissé le son bleu
percer la rage des rancœurs
la craie à chaud sur le mortier
a criblé les espoirs
de mille trous

grésillements
de cripures
acidulées
des sens.







Murale IV
Ph., G.AdC





MURALE IV



tu contournes
les questions
triangles de lumière
qui nient les issues
de la pensée première
— chatoyante qui t’échappe —
tu ne vois
que ce qui se meut
le reste se dérobe
dans la grise monotonie
d’un temps qui se meurt

sans toi.







Murale V
Ph., G.AdC





MURALE V



dans la mouvance du maquis
les chardons hérissent leurs piques
et toi
tu fixes le taureau à l’arène
banderilles à l’assaut des chairs de sang
insensible aux échos
qui emportent ton nom
loin des Chines éternelles

rongé de pierre
cnidaires mauves
piques d’écailles sans calice.







Murale VI
Ph., G.AdC





MURALE VI



compte le temps qui nous craquèle
et vois ces soudures qui fendillent
carcasses vides et creuses
que harcèle la mort
le gris des jours fissure
nos têtes lasses et nos jeux

plus encore.







Murale VII
Ph., G.AdC





MURALE VII



un éclair de sang bleu
a zébré l’horizon
hirondelle bannie
du nid cocon d’étoile

et je cherche où nager
dans ce mur qui étouffe
feu de l’air embrasé
colères insoumises

tu fuis là
où te voir ne peux
je file au gré du sort
là où le ciel respire
et tu ne peux nier
que la vague m’emporte
loin      très loin
où me voir tu ne peux.




Angèle Paoli
DR. Texte angèlepaoli
D.R. Photos Guidu Antonietti di Cinarca




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Commentaires

  1. Avatar de François Martin-Veleine
    François Martin-Veleine

    Magie de la grande toile!
    Je cherchais des renseignements sur une revue des années soixante Corsica Viva quand un puissant et inattendu alizé m’a poussé vers vos côtes…
    Miracle de la nature corse :
    une riche végétation, luxuriante, poétique, colorée, ouverte sur le monde a recouvert les terribles stériles de Canari!
    C’est beau comme Hiroshima mon amour.
    La Corse est décidément plus que vivante.
    A chaque salve destructrice répond un geste créateur.
    Je gardais du Cap Corse le souvenir de ses orgueilleuses villas-châteaux, un peu délabrées,
    la tour hantée d’un exilé ou une nuit très froide à Notre-Dame-du-Silence (la bien nommée)
    Je savais aussi les cap-corsins ambitieux voyageurs et que leurs montagnes cachaient des trésors.
    Vous dire ma surprise et ma joie que la terre meurtrière (en secret) la plus martyrisée de Corse (au nom du profit) ait été fécondée par des mains de femmes jusqu’à construire et à offrir cette grande maison de poésie aux mille fenêtres.
    On y retrouve attablés de vieux amis
    on en découvre d’autres venus parfois de très loin
    on est rêvé
    on y rêve
    on se sent accueillis
    on devient accueillant
    la Beauté enseigne le respect
    Merci!
    François Martin

  2. Avatar de Christiane
    Christiane

    Pour ces murales, cette beauté partagée comme un pas de deux, ces quelques lignes de Friedrich Hölderlin (Hyperion):
    « O âme ! Ame ! Beauté du monde. Toi l’indestructible ! Toi la ravisseuse ! Toi l’éternellement jeune ! Tu es ; qu’est-ce donc que la mort et toute la souffrance humaine ? Ah ! bien des mots vides ont été dits par ces hommes singuliers ! Tout, pourtant, se fait de joie et tout, pourtant, a son terme dans la paix. »

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