Margherita Guidacci | Cumana

«  Poésie d’un jour  »



Michelangelo, La Sibilla Cumana
Michelangelo Buonarroti, La Sibilla Cumana
fresque, 375 x 380 cm
Chapelle Sixtine, Rome
Source






CUMANA


I


(Deìfobe, si de stessa)
Del vaticinare con le foglie



       Io nullo scrivo sulle foglie. Vi leggo
      quel che le foglie recano già scritto
      in sé, nelle intricate nervature
      simili a vene sul dorso della mano
      o linee incise nel palmo. Il mio sguardo,
      che segue il biforcarsi di vie segrete,
      coglie ad incroci turgidi di linfa
      i nodi del signifcato. Così
      si fa più chiaro il messaggio.
      Ma quella che tu chiedi, e che tu chiami
      la mia risposta, non è mia, e neppure
      è una risposta. È la vita che parla
      in ogni cosa viva, mentre passa
      verso la morte. Vi pongo di mio
      soltanto un giusto angolo di sguardo.
      E il calmo gesto con cui, dopo averle
      lungamente scrutate, affido al vento
      queste mie foglie, e il vento se le porta,
      esso solo compiendo
      per un diritto immemorabile
      il sussurrante vaticinio.




Margherita Guidacci, Sibyllae, in Il buio e lo splendore, Milano, Garzanti, 1989; Le poesie, Le Lettere, Firenze, 1999, p. 422. A cura di Maura Del Serra.





CUMAINE


I


De la divination par les feuilles



       Je n’écris rien sur les feuilles. Je lis
      ce qu’en elles déjà elles portent,
      en ces nervures embrouillées pareilles
      aux veines sur le dos de la main
      ou aux lignes gravées dans la paume. Mon regard
      qui suit la fourche de voies secrètes
      saisit aux intersections gonflées de sève
      les nœuds du sens. Ainsi
      le message se fait plus clair.
      Mais ce que tu attends de moi, et que tu nommes
      ma réponse, n’est pas à moi, et pas même
      une réponse. C’est la vie qui parle
      en chaque chose vivante cependant qu’elle s’avance
      vers la mort. De moi je n’y mets
      que l’angle juste du regard.
      Et, quand longuement j’ai scruté ces feuilles,
      le calme geste par lequel je les confie
      au vent, et le vent les emporte,
      lui seul proférant
      par un droit immémorial
      le souffle de la prophétie.




Margherita Guidacci, Sibylles, suivi de Comment j’ai écrit Sibylles, Arfuyen, 1992, pp. 42-43. Traduit de l’italien par Gérard Pfister.






    ■ Margherita Guidacci
    sur Terres de femmes

À l’hypothétique lecteur
In corsa
Tentation de saint Antoine
19 juin 1992 | Mort de Margherita Guidacci (notice bio-bibliographique)
→ (dans la galerie Visages de femmes) le Portrait de Margherita Guidacci (+ un extrait de Neurosuite)






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Commentaires

  1. Avatar de Viviane

    Ce geste de la main qui sauve
    les seuls mots qui vaillent
    ceux que recueille ou prononce le vent
    ce geste est éternel et aussi de l’enfance

    J’aime cette découverte que nous offres patiemment
    avec ceux qui t’entourent
    les mondes au coeur libre
    posés ici
    passeuse des saisons

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