Sylvia Plath | Ariel

« Poésie d’un jour »



Lady Godiva Coventry England
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ARIEL



S
tasis in darkness.
Then the substanceless blue
Pour of tor and distances.

God’s lioness,
How one we grow,
Pivot of heels and knees! ― The furrow

Splits and passes, sister to
The brown arc
Of the neck I cannot catch,

Nigger-eye
Berries cast dark
Hooks ―

Black sweet blood mouthfuls,
Shadows.
Something else

Hauls me through air ―
Thighs, hair;
Flakes from my heels.

White
Godiva, I unpeel ―
Dead hands, dead stringencies.

And now I
Foam to wheat, a glitter of seas.
The child’s cry

Melts in the wall.
And I
Am the arrow,

The dew that flies,
Suicidal, at one with the drive
Into the red

Eye, the cauldron of morning.




Sylvia Plath, Ariel, Faber & Faber, London, 1965, page 28.







U
n moment de stase dans l’obscurité.
Puis l’irréel écoulement bleu
Des rochers, des horizons.

Lionne de Dieu,
Nous ne faisons plus qu’un,
Pivot de talons, de genoux ! ― Le sillon

S’ouvre et va, frère
De l’arc brun de cette nuque
Que je ne peux saisir,

Yeux nègres
Les mûres jettent leurs obscurs
Hameçons ―

Gorgées de doux sang noir ―
Leurs ombres.
C’est autre chose

Qui m’entraîne fendre l’air ―
Cuisses, chevelure ;
Jaillit de mes talons.

Lumineuse
Godiva, je me dépouille ―
Mains mortes, mortelle austérité.

Je deviens
L’écume des blés, un miroitement des vagues.
Le cri de l’enfant

Se fond dans le mur.
Et je
Suis la flèche,

La rosée suicidaire accordée
Comme un seul qui se lance et qui fonce
Sur cet œil

Rouge, le chaudron de l’aurore.




Sylvia Plath, Ariel, Éditions Gallimard, Collection Du monde entier, 2009, pp. 45-46. Traduit de l’anglais, présenté et annoté par Valérie Rouzeau.






Sylvia Plath, Ariel






SYLVIA PLATH


Sylvia plath vignette
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■ Sylvia Plath
sur Terres de femmes


Sylvia Plath, La lionne de Dieu (une chronique d’AP)
I am vertical
Winter trees
11 février 1963 | Mort de Sylvia Plath (+ un autre poème extrait d’Ariel [Edge])
→ (dans la galerie Visages de femmes)
le Portrait de Sylvia Plath (+ le poème Wuthering Heights extrait de Crossing The Water)




■ Voir aussi ▼


→ (sur Esprits nomades)
Sylvia Plath, Chronique d’une stigmatisée
→ (sur Terres de femmes)
Ted Hughes | The Thought-Fox



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Commentaires

  1. Avatar de Fabian
    Fabian

    1984, je me souviens. Sur la scène d’un théâtre de la proche banlieue parisienne (où?), Delphine et Coralie Seyrig  »jouent » Letters Home d’après Sylvia Plath. Lettres d’une fille à sa mère. D’une jeune fille au seuil du vide.
    1971, je me souviens. J’ai 15 ans, le Flower Power commence âprement à se lézarder et, au creux d’une communauté cosmopolite où je crèche quelque part dans les Alpes Suisses, une américaine un peu givrée me fait découvrir cette poésie belle et radicale. Le livre de poche aux pages déchirées est longtemps resté sous mon oreiller dont les plumes s’envolaient dans les nuits enneigées…
    Beauté du théâtre fugace et de la poésie faite pour voler… Miettes de mémoire, précieuses en un temps du flux RSS, du podcast et du buzz où tout se répète en un tourbillon obsessionnel.
    Je pense à vous, chère Angèle, perdue dans Bruxelles, comme le fut Jeanne Dielman rêvée par Akerman…

  2. Avatar de Angèle Paoli

    Merci, Fabian, de nos pensées qui se croisent,du théâtre à la poésie, à travers temps et espace. Voyages.

    C’était aussi au Théâtre de Paris, ma chère Fabian.

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