Anise Koltz, L’Ailleurs des mots

« Poésie d’un jour »



Il est Cain | toujours en fuite | de ce crime qu-il a commis
Ph., G.AdC






L’AILLEURS DES MOTS
(extrait)


J’aime l’homme
au dos vaste
comme une steppe

Dans les profondeurs de sa terre
j’écoute
le bruit du troupeau de buffles
qui le traverse




Tu descends le chemin de mon sang
comme un caravanier
la route de la soie

lorsque tu retomberas de mes hanches
mille ans auront passé




En éternel voyageur
tu te hisses sur mon corps
comme sur un bateau
ou un train

Puis tu me quittes
avec ta valise
de la taille d’un cercueil




Mon corps est un aventurier ―

La nuit il caresse
ta vie et ta mort
tes guerres et tes famines

Les mains ensanglantées
les cheveux tombant
comme des plantes
cassées par la tempête

Il est Caïn
toujours en fuite
de ce crime qu’il a commis

[…]




Anise Koltz, L’Ailleurs des mots, Arfuyen, Collection Les Cahiers d’Arfuyen, 2007, pp. 9-10-11-12.





ANISE KOLTZ


ANISE KOLTZ
Source



■ Anise Koltz
sur Terres de femmes


Automne (extrait du Cirque du soleil)
Béni soit le serpent
[Dans mes poèmes] (poèmes extraits d’Un monde de pierres)
[Gémeau] (poème extrait de Soleils chauves)
Je me transforme (poème extrait de Je renaîtrai)
[Je suis l’impossible du possible] (poème extrait de Pressée de vivre)
Ouverte (poème extrait de Je renaîtrai)
[Qu’ai-je emprunté à la chair maternelle ?] (poème extrait de Galaxies intérieures)
Les soleils se multiplient (poème extrait du Cri de l’épervier)




■ Voir | écouter aussi ▼


→ (sur le site des éditions Arfuyen)
une page consacrée à Anise Koltz
→ (sur Lyrikline)
dix poèmes extraits du Porteur d’ombre (2001), dits par Anise Koltz



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Commentaires

  1. Avatar de Mahdia Benguesmia
    Mahdia Benguesmia

    Je lis José Ensch et je désespère d’avoir connu le mot, d’avoir marché dans le temps, d’avoir usé de la simplicité de mon cœur.
    Je lis Anise Koltz et je me réapproprie le mot, je me désintéresse de la mort.
    Je cours dans tous les sens reconnaitre en moi l’homme qui s’étend infiniment dans le respect de la vie.

  2. Avatar de Mahdia benguesmia
    Mahdia benguesmia

    Je relis ce poème et je suis ébranlée par ce rapport indispensable et continu que le poète entretient avec le monde car l’ailleurs des mots de Koltz est son ici du monde donc son ici des mots empruntés depuis la genèse à l’ADN du poète éternel.
    Chaque poème est un autre amplifié ; mais chaque poète n’est poète que parce qu’il tisse du déjà fait un merveilleux jamais fait.
    Érigeant le mot en corps et le corps en perpétuel travail de la pâte du mot, Anise Koltz perpétue les cellules du poète-démiurge qui échappera toujours au crime de sang de son malheureux ancêtre quoi qu’il en parle ouvertement.

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