14 août 1918 | Marina Tsvétaïeva

Éphéméride culturelle à rebours



14 AOÛT 1918



Chaque poème ― un enfant de l’amour,
Un enfant éternel, démuni de tout,
Un premier-né ― posé près
De l’ornière, en plein vent.

L’enfer au cœur, l’auteur au cœur,
― Le paradis et la honte ― Qui
Est le père ? Un tzar, peut-être ?
Peut-être un tzar ― peut-être un voleur.


14 août 1918






Apothéose3
Ph. angèlepaoli






Les poèmes poussent,
                                                      des étoiles,
                                                      des roses,
Et de la beauté
― inutiles pour la vie familiale.

Quant aux couronnes
                                                      et aux apothéoses ―
Une seule réponse
                                                      ― d’où cela me vient-il ?

Nous dormons ―
                                                      et puis, au travers des dalles de pierre,
L’hôte céleste
                                                      avec ses quatre pétales.

Ô monde, comprends !
                                                      Le chantre ― dans son sommeil ―
Découvre les lois de l’étoile
                                                      et la formule de la fleur ―.


14 août 1918



Marina Tsvétaïeva, L’Offense lyrique & autres poèmes, Éditions Farrago/Éditions Léo Scheer, 2004, pp. 164-165.





MARINA TSVÉTAÏEVA


MarinaTtsvetaeva
Source




■ Marina Tsvétaïeva
sur Terres de femmes


20 décembre 1915
27 avril 1916 | Poèmes à Blok, 1
21 juillet 1916 | Lettre de Marina Tsvétaïeva
18 septembre 1921
19 novembre 1921
31 août 1941 | Vénus Khoury-Ghata, Marina Tsvétaïeva, mourir à Elabouga
Amazones
[Bras ployés au-dessus de la tête]
Cessez de m’aimer
J’aimerais vivre avec vous



■ Voir aussi ▼

le site Marina Tsvetaeva





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Commentaires

  1. Avatar de christiane
    christiane

    Envie de légèreté ? Car il y en a aussi, et délicieuse, dans cette correspondance de Marina Tsvetaeva ! Ainsi ces lettres échangées avec le jeune critique littéraire Alexandre Bakhrakh qui vit à Berlin, alors qu’elle vit dans la banlieue de Prague. Ils ne se sont jamais rencontrés. C’était l’été 1923, juillet, août…
    « Pourquoi ce sentiment d’attendrissement lorsque je pense à vous ? – Il ne faudrait pas l’écrire. Il faudrait ne rien écrire du tout : poser un peu la plume, se fixer sur le vide et raconter. Puis – la feuille blanche – et le vide rempli. Ne serait-ce pas mieux ?
    […]
    Vous voudriez une photographie ? Mon petit ami, je n’en ai pas une seule. J’ai par contre une charmante demoiselle, qui aime mes vers et qui dessine bien, elle revient mardi, je lui demanderai alors de faire pour vous un croquis de moi.
    […]
    Mon doux ami, tout cela n’est pas si terrible. Tout cela c’est parce que vous êtes là-bas et moi ici. Quand vous me verrez, si indifférente et si gaie, vous serez aussitôt soulagé d’un poids sur le coeur. Je n’ai encore accablé ni étouffé personne dans la vie, je ne suis pour les gens qu’un prétexte à aller vers eux-mêmes…. Tout est là. Je ne peux rien sur l’absence. »
    C’est très étrange ces lettres un peu laconiques, ces passions, souvent de courte durée, ces « idylles cérébrales » qui aboutissaient rarement à des rencontres réelles, cette légèreté, cette joie. Elle a besoin de cette correspondance, non des êtres qui tourbillonnent dans ses engouements. Rien à voir avec les lettres échangées avec Rilke et avec ses pages intenses que l’on peut lire aussi dans l’écrit autobiographique Vivre dans le feu.

  2. Avatar de sylvie durbec
    sylvie durbec

    « Les poèmes…
    inutiles pour la vie familiale. »
    la voilà.
    Drôle de femme, de mère, de fille, d’amoureuse et cette lointaine manière, si proche, lorsqu’elle parle du linge et de la manière de l’étendre…Voir aussi sa correspondance entre Rilke et Pasternak. Fille folle et raisonnable et ardente et pétrie du quotidien des femmes.
    Nous l’aimons beaucoup.

  3. Avatar de Angele Paoli

    Oui, Sylvie, tu as raison ! Pétrie du quotidien des femmes !et passionnée, insensée, aussi. Comment a-t-elle réussi à mener à bien pareille équation ? Il y faut plus que du talent ! Du Génie ! Admirable Marina T.

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