Alain Suied | Pour la manière noire, 10

« Poésie d’un jour »





     POUR LA MANIÈRE NOIRE




                        10



Le chant s’élève au-dessus
de l’aube
                 et tu lui réponds.


Tu peux
                 faire face
                                   au monde.


Tu peux te tenir droit
et dire ta parole de chair
et de voix et d’oubli

adossé à la nuit
pour porter le souffle du lointain.


Le monde est un pur écho.


Le chant perdu revient
sous un autre nom.


Le chant te précède
quand tu lui réponds.


Le jour s’emplit d’absence.


Tu peux
                 faire face
                                   au monde.


L’espace, le seul
espace


à la nuit
peut chanter


la présence que tu offres
à la lumière future.




Alain Suied, « Pour la manière noire », 10, Le Visage secret, Éditions Arfuyen, Collection Les Cahiers d’Arfuyen, volume 226, 2015, pp. 109-110 in Revue Continuum, n° 7, 2010, page 145.





ALAIN SUIED


Alain Suied NB
Source



■ Alain Suied
sur Terres de femmes

[Dans l’étroite faille du social] (autre poème extrait du Visage secret)



■ Voir aussi ▼

→ (dans la Poéthèque du site du Printemps des Poètes)
une fiche bio-bibliographique sur Alain Suied
→ (sur le site des éditions Arfuyen)
la page consacrée à Alain Suied
→ (sur Esprits Nomades)
Alain Suied | La poésie dérobée, par Gil Pressnitzer






Retour au répertoire du numéro de février 2011
Retour à l’ index des auteurs

» Retour Incipit de Terres de femmes

Commentaires

  1. Avatar de Mth Peyrin

    [OT- Off Topic]

    Même si ça n’a rien à voir… Je t’offre :

    Pudeur de la lecture (Yves Ravey, Essais, Les Solitaires Intempestifs, 2003, page 15).

    « Ma mère ne me touchait jamais. Elle tendait un roman. Elle me donnait l’occasion de lire en m’autorisant à marcher dans la ville, d’une rue à l’autre, puis en direction de la bibliothèque paroissiale, une ancienne cure. Je cherchais dans les rayons qui ressemblaient à des décombres à cause du désordre, parmi les couches de poussière accumulée, des résidus de texte sous couverture rigide, des séries incomplètes, je cherchais de quoi oublier les rues de la ville, ma mère. Je me mettais en quête d’un endroit où enlever mes vêtements. Comme tu enlèves tes habits sous un saule au bord de la rivière en plein été avant de te mettre à l’eau. Je voulais exposer mon corps sans être vu. J’inventais la pudeur.
    Je cherchais dans les romans des corps exposés, j’entendais des voix sauvages. Mon esprit se mettait à nu, j’étais perméable aux chants du texte. Je me déshabillais en pensée de la même manière que ma mère se changeait avant d’aller au cimetière, dans un endroit abrité du regard des enfants. Je me logeais moi-même dans cet endroit caché qui était un livre. »

  2. Avatar de Alain Gojosso
    Alain Gojosso

    D’Art ose mélodie
    Qui semelles à flot
    S’antre d’horizon
    En l’écho originel

    Bien à vous et merci pour votre partage.

  3. Avatar de Bénédicte
    Bénédicte

    « Chaque mot est une blessure du temps
    Le monde se tait :
    il cicatrise peut-être ?
    Nous avançons vers le déchiffrement
    d’une énigme sans début ni fin.
    Le poème ne consolera plus
    Le poème nous rappelle
    l’origine
    fatale mais vivante . »
    (Ce qui écoute en nous, p. 41).
    Merci .

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *