Ana Blandiana | Nec plus ultra

« Poésie d’un jour »




Me livrer - cette recherche
Ph., G.AdC





NEC PLUS ULTRA



Mi s-a spus să te caut
Şi eu însămi nu voiam decât căutarea.
Nici măcar nu mă gândisem
Ce m-aş face cu tine
Dacă te-aş găsi.
Te-aş pune în pământ ca pe o sămânţă?
Te-aş hrăni ca pe-un animal domestic
Socotindu-ţi foloasele blănii şi cărnii,
Lânii şi laptelui?
Sau, dimpotrivă, m-aş lăsa eu devorată
Ca de o fiară?
Sau ca printr-o pădure
M-aş rătăci cu spaimă prin time?
Sau ca într-o prăpastie
M- aş lăsa să cad nebănuind adâncimea?
Sau ca într-o mare
M- aş înmormânta în peşti ?
Mi s-a spus să te caut,
Nu să te găsesc.



Ana Blandiana, Stea de pradă, Cartea Românescà, Bucarest, 1985, in Ana Blandiana, Un tempo gli alberi avevano occhi, Donzelli Poesia, Roma, 2004, pagina 124.






NEC PLUS ULTRA



Mi è stato detto di cercarti
e io stessa non volevo che cercare.
E non ho mai pensato
a cosa fare di te
nel caso ti trovassi.
Ti affiderei alla terra come un seme?
Ti nutrirei come un animale domestico
soppesando il valore della pelliccia, della carne,
della lana, del latte?
O, al contrario, mi lascerei sbranare
come da una fiera?
O come in una foresta
mi smarrirei sgomenta in te?
O come in un burrone
mi lascerei cadere senza saperne il fondo?
O come dentro un mare
nei pesci mi seppelirei?
Mi è stato detto di cercarti,
non di trovarti.



Ana Blandiana, Stea de pradă, 1985, in Un tempo gli alberi avevano occhi, Donzelli Poesia, Roma, 2004, pagina 125. A cura di Biancamaria Frabotta e Bruno Mazzoni.






NEC PLUS ULTRA



On m’a commandé de te chercher
Et mon unique désir c’était de me livrer à cette recherche.
Je n’ai même pas songé
À ce que je ferais de toi
Si je te trouvais.
Te mettrais-je en terre comme une semence ?
Te donnerais-je à manger comme à une bête domestique
Dont on prévoit d’utiliser la fourrure, la viande,
La laine et le lait ?
Ou bien au contraire me laisserais-je dévorer
Comme par une bête fauve ?
Ou alors me perdrais-je en toi
En tremblant de peur, comme dans une forêt ?
Ou comme au fond d’un précipice
Me laisserais-je ensevelir par les poissons ?
On m’a commandé de te chercher
Pas de te trouver.



Ana Blandiana, Étoile de proie, Ateliers du Tayrac, Collection « Tripes » n° 4, 12230 Saint-Jean-du-Bruel, 1991, page 24. Traduit du roumain par Hélène Lenz.





ANA BLANDIANA

Ana Blandiana




■ Anna Blandiana
sur Terres de femmes

→ (dans la galerie Visages de femmes)
le Portrait d’Ana Blandiana (+ le poème « Berçeuse »)


■ Voir aussi ▼

→ (sur Atelier LiterNet)
d’autres poèmes (traduits en français par Luiza Palanciuc) extraits du recueil Autrefois les arbres avaient des yeux d’Ana Blandiana (Anthologie [1964 – 2004], Cahiers Bleus / Librairie Bleue, 2005)
→ (sur Les Belles Étrangères)
une bio-bibliographie (en français) d’Ana Blandiana
→ (sur le site Notre Europe)
Rencontre avec Ana Blandiana, poétesse roumaine (entretien du 30 octobre 2008 à télécharger)
→ (sur Poesie.net)
Anna Blandiana par Jean-Pierre Rosnay
→ (sur Romanan Voice)
115 poèmes (en roumain) d’Ana Blandiana



Retour au répertoire d’avril 2011
Retour à l’ index des auteurs


» Retour Incipit de Terres de femmes

Commentaires

  1. Avatar de Mahdia Benguesmia
    Mahdia Benguesmia

    Il y a des poèmes comme celui-ci qui ne se laissent pas éplucher car leur interprétation dévoilerait un noyau du mot inexistant ou chamboulerait une structure qui n’existe en réalité que dans ce désordre, ultime espace de la poésie. Mais la poésie contemporaine se distingue par un double mal (qui n’est bien et n’enchante que le lecteur qui a les nerfs « ULTRA NEC ») que je représenterai comme un désordre dans le désordre initial. Quand on parle ainsi, on croit que logiquement il naîtra, dans le désordre du désordre, un ordre. Mais non ! Ici (logiquement) naît un désordre plus profond qui rend cette poésie plutôt en quête infinie de l’être du mot, lequel, s’il venait à être découvert, découvrirait l’être du poète.

    Je pense pourtant ici que « le nec plus ultra » de ce poème est cette image, très belle, où le cœur semble naître en dehors de la charpente – car ce poème me semble encore sans chair, à découvert, mais sans sens du terrifiant – et qui se résume dans ces trois vers un peu réordonnés par moi : « On m’a recommandé de te chercher/ Mais je vais me perdre en toi/ Pour ne pas te trouver ».
    Tout le reste est d’un autre ordre du NEC sur lequel je reviendrai assurément.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *