Béatrice Bonhomme-Villani | Passage du passereau

« Poésie d’un jour »



Il passe oiseau -ph-m-re comme la pr-carit- de l-amour
Image, G.AdC






PASSAGE DU PASSEREAU




    Le passereau est un passer-moineau, un petit oiseau de l’ordre de ceux qui passent et traversent, fuselés, la vie précaire.

    Le passereau est éphémère, il est passe-fleur, passiflore, passionné comme l’anémone qui vibre en plein-vent d’étincelles.

    Ses poumons sont d’oiseau éphémère, les bronchioles se ramifient dans le tissu pulmonaire, le traversent et se prolongent par des sacs aériens qui sont tissus d’or et de songes dans le souffle des nuages.

    Le passereau passe le souffle dans le syrinx de son chant comme message d’un ciel si proche et comme essor de passage.

    Volatilia, matière volatile évaporée dans la fibre du monde, il vole dans l’obscurité de la nuit comme dans la clarté du jour.

    Il taille dans les ailes et les airs jusqu’à trouver la forme juste d’un anniversaire de feuilles.

    Il est le souffle de la nuit qui se heurte contre la paroi des fleurs.

    Il tourne tout autour de la table des morts et, en veillée funéraire, s’incruste dans le vitrail.

    Son œil de verre rouge irise la couleur.

    Sur la neige ne demeure que l’étroite empreinte de sa fine patte de passereau posée sur le mouron des tombes.

    Il passe oiseau éphémère comme la précarité de l’amour.

    Pour moi, le passereau est bleu, mais je ne sais pas trop sa couleur. Il est bleu comme l’oiseau d’enfance et souffre-douleur d’amour.

    Pour moi, le passereau est rouge, mais je ne sais pas sa couleur. Ensanglanté des stigmates de pluie, il traverse les larmes.

    Pour moi, le passereau est gris, car je sais trop bien sa couleur. Il passe en glissade légère les ailes étendues, discret, il passe dans la vie précaire.

    Et dans les plantes aromatiques, la myrrhe d’un étrange berceau, il passe et renaît, passereau, oiseau de cendre et de lumière.




Béatrice Bonhomme-Villani, Passant de la lumière, L’Arrière-Pays, 2008, pp. 21-22.





BÉATRICE  BONHOMME


Béatrice Bonhomme Bourdelas 2
D.R. Ph. Laurent Bourdelas




■ Béatrice Bonhomme
sur Terres de femmes

Tharros (extrait des Boxeurs de l’absurde)
Mutilation d’arbre (lecture d’AP)
Le pacte des mots
[Les petits chevaux de Tarquinia]
Poumon d’oiseau éphémère
Sauvages
T’écrire adolescent
La terre rouge
Tes nuits sont devenues mes jours
Variations du visage & de la rose (lecture de France Burghelle Rey)
→ (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
Un lacis de sang et d’ombre
→ (dans la galerie Visages de femmes)
le Portrait de Béatrice Bonhomme-Villani par Guidu Antonietti di Cinarca, un poème extrait de Poumon d’oiseau éphémère et l’excipit de Mutilation d’arbre



■ Voir aussi ▼

→ (sur Terres de femmes)
Kaléidoscope d’Enfances
→ (sur Wikipedia)
une belle bio-bibliographie de Béatrice Bonhomme
→ (sur Terres de femmes)
La rencontre Hölderlin-Jouve-Klossowski par Béatrice Bonhomme et Jean-Paul Louis-Lambert
→ (sur le site de la Revue d’art et de littérature, musique)
un entretien de Rodica Draghincescu avec Béatrice Bonhomme (Numéro 45 – décembre 2008)



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Commentaires

  1. Avatar de christiane
    christiane

    Tellement fragile et essentiel… ce passereau, quelle beauté…

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