Robert Duncan | Proofs

« Poésie d’un jour »



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PROOFS


For “wing of the bird” » read
          “sing of the verb part”
because the clouds departing
          left the look of winter.

For “violet” read “violent”
          following
“ The ridges of your face ride
          against my want”.

Omit “whatever regret”.
          After Chorus II, insert
four lines roman:   Do you hear in words
                                   drifts in the sense shifting,
                                   teachings that are like birds
                                   in cloudy speech?

― the fifth line in italics:

                                   A play of birds in the empty sky

Insert “need” after
          “mine is a first song”
For “wrong” read “wring”.

          I am tired of the images
that follow me. Delete them.
Don’t desert me. You are so far away,
          dear Printer, in another
part, puzzling over my intention
          with cold fingers. Don’t

          lose the world  ROSE

          isolated on the page.

It is not a flower, but put there
          for an old rising.

Robert Duncan, The Opening of the Field, New York: Grove Press, 1960 ; New York: A New Directions Paperbook, 1973, p. 59.







Robert Duncan, The Opening of the Field







ÉPREUVES


Remplacer « chute d’herbes » par
            « chante le verbe partir »
puisque la fuite des nuages
           nous laisse le paysage hivernal.

Remplacer « violet » par « violent »
           juste après
« les plis de ton visage s’appliquent
           à contrarier mon désir ».

Supprimer « malgré tout mon regret ».
           Après la seconde strophe, insérer
quatre vers en romains :            Entendez-vous dans les mots
                                                          se déplacer (changer de sens)
                                                          les leçons semblables aux oiseaux
                                                          de ce discours embrumé?

― le cinquième en italiques :

                                                            Jeux d’oiseaux dans un ciel vide

Rétablir « nécessaire » après
           « voici mon premier chant »
Remplacer « faux » par « fléau ».

            Je suis las des images
qui me poursuivent. Supprimez-les.
Ne m’abandonnez pas. Vous êtes si loin
           cher Imprimeur, sur quelle autre
planète, malmenant tous mes plans
           de vos doigts insensibles.            N’oubliez

           pas le mot            ROSE

           isolé sur la page.

Il ne s’agit pas de la fleur, mais sa présence suggère
           une ancienne éclosion.


Robert Duncan, L’Ouverture du champ, in Yves di Manno, Objets d’Amérique, José Corti, Série américaine, 2009, page 81. Traduction d’Yves di Manno.




___________________________________________
NOTE d’AP : une édition française de The Opening of the Field (L’Ouverture du champ) a paru en novembre 2012 aux éditions José Corti (Série américaine), dans une traduction de Martin Richet.






ROBERT DUNCAN


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■ Robert Duncan
sur Terres de femmes

Poetry, a Natural Thing (autre poème extrait de The Opening of the Field + une traduction de Martin Richet issue de l’édition française parue chez Corti)



■ Voir | écouter aussi ▼

→ (sur Terres de femmes)
Yves di Manno, Objets d’Amérique (note de lecture)
→ (sur le site de The Academy of American Poets)
une bio-bibliographie de Robert Duncan (+ plusieurs poèmes, dont un dit par l’auteur)
→ (sur Pennsound)
de très nombreuses lectures de poèmes par Robert Duncan (archives sonores d’une exceptionnelle richesse)
→ (sur Poetry Foundation)
une biographie de Robert Duncan (+ archives sonores)
→ (sur Poetry Center Digital Archive)
Robert Duncan reading his poetry from and discussing his book The Opening of the Field
→ (sur books.google.fr)
un très grand nombre de pages issues du recueil The Opening of the Field (hors huit poèmes, dont Proofs ci-dessus)





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Commentaires

  1. Avatar de christiane
    christiane

    « …remplacer… supprimer… rétablir… ». Dans ce dialogue fictif ou réel avec celui qui encrera les mots sur le papier du livre à paraître, il y a accès au voyage des mots, à leur équivalence ou à leur lutte. Ce palimpseste est étonnant, donnant à pénétrer toujours plus en amont de la langue du poète, là où éclot la parole quand la mémoire avive sa déchirante vérité : « violet-violent… faux-fléau… » et puis soudain : « insérer ». Et les mots à nouveau viennent mordre au silence.
    Les explorations de ces derniers jours, celle-ci et celle concernant le livre de Fabienne Raphoz, sont difficiles et passionnantes. Où nous conduisez-vous ? La poésie y devient dangereuse parce qu’initiale. Soudain le langage est entraîné vers un magma d’innommable où il ne reste que les sillons des doigts griffant les pages jusqu’à ce vide où l’on entend le froissement de l’âme…

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