Derek Walcott | To Norline

« Poésie d’un jour »



Plage Norline
Ph. angèlepaoli







TO NORLINE



This beach will remain empty
for more slate-coloured dawns
of lines the surf continually
erases with its sponge,

and someone else will come
from the still-sleeping house,
a coffee mug warming his palm
as my body once cupped yours,

to memorize this passage
of a salt-sipping tern,
like when some line on a page
is loved, and it’s hard to turn.







POUR NORLINE



Cette plage restera vide
pour de nouvelles aubes couleur ardoise
des lignes que le ressac efface
sans cesse avec son éponge,

et quelqu’un d’autre viendra
de la maison encore endormie,
une tasse à café chauffant dans sa main
comme autrefois mon corps se lovait sur le tien,

pour mémoriser ce passage
d’une sterne sirotant le sel,
comme quand on aime une ligne
sur une page, et qu’il est difficile de la tourner.




Derek Walcott, La Lumière du Monde, Éditions Circé, 2005, pp. 118-119. Traduit de l’anglais par Thierry Gillybœuf.





DEREK WALCOTT

Derek Walcott. NB
Source


■ Voir aussi ▼

→ (sur le site Nobelprize.org)
une biographie de Derek Walcott
→ (sur poets.org)
une bio-bibliographie de Derek Walcott (+ plusieurs poèmes, dont certains dits par Derek Walcott)
→ (sur Lyrikline.org)
plusieurs poèmes dits par Derek Walcott



■ Autres traductions de Thierry Gillybœuf
sur Terres de femmes

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Eugenio De Signoribus | microelegia
Seamus Heaney | Bog Queen
Stanley Kunitz | The Quarrel
Robert Lowell | Burial
Marianne Moore | Son bouclier
Marianne Moore | Extrait de Poésie complète, Licornes et sabliers
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Commentaires

  1. Avatar de Mahdia Benguesmia
    Mahdia Benguesmia

    Je ne peux pas terminer ma journée sans dire un mot sur ce poème qui s’est accaparé de moi pendant de longues heures dès que je l’ai lu, comme si je découvrais pour la première fois l’épaisseur du verbe « poiein ».
    Quelle chance de lire et de commenter un Nobel, mais un poème comme celui-ci ne se commente pas. Il se lit, il émerveille au sens complet du mot et reste en dehors de tout bavardage sur sa beauté, ouvert, splendide pour la méditation la plus totale.
    Je parlais dans mon commentaire sur «écrire la mère vide» de cette poésie moderne qui ne se revendique que d’une racine connotative qui a pour référence l’Homme et son monde préfigurant dans tous ses mondes passés et dans ceux à venir. Cette poésie, je la retrouve exemplairement chez cet Antillais qui allie parfaitement créole et anglais et marie d’une façon remarquable sa tradition métissée à cette autre de l’Europe ou de l’Amérique et plus.
    Angèle, vous êtes le guide de vos lecteurs sur le chemin de la beauté. Merci pour toutes ces grappes de bonheur dont je me délecte incessamment et reste pourtant inassouvie !

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