Septembre 1981 | Philippe Jaccottet, La Seconde Semaison

Éphéméride culturelle à rebours






La graine de l--me
Image, G.AdC







SEPTEMBRE 1981




Le soleil du matin sur les pierres, le bois usé par le temps, une douceur difficilement exprimable — d’autant que l’air est presque immobile, le mouvement des feuillages silencieux — comme d’un enfant qui bouge la main en rêve. Les fleurs du laurier-rose toujours fleuries, depuis des semaines — si mystérieuses pour peu qu’on y pense. Pourquoi a-t-il fallu qu’il y ait des fleurs — des couleurs ? Leur rose — sans pareil : une fraîcheur. Ou comme quand les enfants portent des lanternes éclairées, pour des fêtes. Lanternes en plein jour. Mais aussi efflorescences de la terre, métamorphose, la monnaie, la petite monnaie des graines. La force qu’elles recèlent, qui fait qu’elles se brisent, laissent pousser hors d’elles une tige fragile, etc.

La graine de l’âme ? Nous dans le corps maternel.

Fleurs pour passer le fleuve des enfers, graines ou oboles.

L’esprit voudrait s’en servir comme de lanterne celui qui conduit une barque sur des rivières, la nuit.

« Vous êtes embarqués… »

Comme celui qui allume une lanterne à l’avant de sa barque s’il s’aventure la nuit dans les passes entre les roseaux,

prends cette fleur pour t’éclairer dans la traversée du jour…

Même le jour, même la plus vive lumière, même le très doux septembre ne sont pas faciles à traverser…



Philippe Jaccottet, La Seconde Semaison, Carnets 1980-1994, Éditions Gallimard, Collection blanche, 1996, pp. 41-42 ; Œuvres, éditions Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2014, page 880.





PHILIPPE JACCOTTET


Jaccottet Poncet
Ph. © F. Poncet
Source






■ Philippe Jaccottet
sur Terres de femmes


Accepter ne se peut (poème extrait d’Airs)
Tout à la fin de la nuit (autre poème extrait d’Airs)
[Toute fleur n’est que de la nuit] (autre poème extrait d’Airs)
[Les larmes quelquefois montent aux yeux] (poème extrait d’À la lumière d’hiver)
(Tombeau du poète)[The poet’s tomb] (poème extrait de Cahier de verdure)
[Considérez le ciel solaire] (poème extrait du Dernier Livre de Madrigaux)
[Sois tranquille, cela viendra !] (poème extrait de L’Effraie et autres poésies)
1er janvier 1950 | Philippe Jaccottet, Agrigente (autre poème extrait de L’Effraie et autres poésies)
[Encore des fleurs ? | Flowers again ?] (poème extrait d’Et, néanmoins)
Toute fleur qui s’ouvre (poème extrait d’Et, néanmoins)
Ponge, Pâturages, Prairies (note de lecture d’AP)
3 décembre 1971 | Lettre d’André Dhôtel à Philippe Jaccottet
Mai 1977 | Philippe Jaccottet, La Semaison
26 juin | Philippe Jaccottet, L’Ignorant
20 avril 2001 | Philippe Jaccottet, Truinas
Le Grand Prix Schiller 2010 remis à Philippe Jaccottet





Retour au répertoire du numéro de septembre 2011
Retour à l’ index des auteurs
Retour à l’ index de l’éphéméride culturelle

» Retour Incipit de Terres de femmes

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *