Brigitte Broc | Parfois

« « «  Anthologie poétique Terres de femmes (91)




Tu tinsinuais alors Sous la fente du jour
Ph., G.AdC






PARFOIS



Parfois je te rêvais
la clé de tous les lieux,
des abrupts, des arides
comme des bienheureux.


Tes gestes moutonnaient,
ta parole, appuyée
au chambranle du vent,
était lampe allumée
au seuil du vieux pays.


Parfois je te voulais
de chaume et d’ajoncs.


Tu ne disais rien
des maisons rapiécées,
des tiges bancales,
mais quand le grand ciel d’hiver
tisonnait la peupleraie morte,
déjà tu maraudais sous la terre
les couleurs boréales.


Je te parlais
de visages ébranchés,
de tas de mots,
jetés ici et là,
recouverts de mousse têtue.


Tu t’insinuais alors
sous la fente du jour
et soulevais à pleines mains
les murs dégringolés,
le salpêtre des heures
inassouvies.


Parfois je te pensais
sillage et chemin de verveine.


À vouloir alléger le ciel
de ses pensées nocturnes,
tu recevais des ailes
par brassées.


Parfois je savais
ton toucher de fougères,
ta peau, loquace,
qui s’accroissait d’un arpège.


Le lit, grand et défait,
valsait dans l’univers.




Brigitte Broc
poème inédit pour Terres de femmes (D.R.)





BRIGITTE BROC


Brigitte Broc vignette




■ Voir aussi ▼

Fileuse de lune, le blog de Brigitte Broc
→ (sur le site de la Mél [Maison des écrivains et de la littérature])
une fiche bio-bibliographique sur Brigitte Broc
→ (sur Les Carnets d’Eucharis de Nathalie Riera)
un autre poème de Brigitte Broc (+ une note de Nathalie Riera)
→ (sur Danger Poésie d’André Chenet)
d’autres poèmes de Brigitte Broc




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Commentaires

  1. Avatar de christiane
    christiane

    Ce poème apporte beaucoup de bonheur. Il semble si léger, si évident et pourtant des mots nous surprennent, perçant le langage comme les petits crocus du printemps. Ils font mémoire en nous pour inscrire l’indicible de la tendresse : les gestes moutonnent, les visages sont ébranchés, les mots se recouvrent de mousse têtue… et l’on entre dans l’anthologie enchantée comme en forêt de Brocéliande.

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