Wisława Szymborska |
Discours au bureau des objets trouvés

« Poésie d’un jour »



J-ai perdu quelques d-esses entre le sud et le nord ainsi que bon nombre de dieux entre l’est et l’ouest
Ph., G.AdC






PRZEMÓWIENIE W BIURZE ZNALEZIONYCH RZECZY



Straciłam kilka bogiń w drodze z południa na północ,
a także wielu bogów w drodze ze wschodu na zachód.
Zgasło mi raz na zawsze parę gwiazd, rozstąp się niebo.
Zapadła mi się w morze wyspa jedna, druga.
Nie wiem nawet dokładnie, gdzie zostawiłam pazury,
kto chodzi w moim futrze, kto mieszka w mojej skorupie.
Pomarło moje rodzeństwo, kiedy wypełzłam na ląd
i tylko któraś kostka świętuje we mnie rocznicę.
Wyskakiwałam ze skóry, trwoniłam kręgi i nogi,
odchodziłam od zmysłów bardzo dużo razy.
Dawno przymknęłam na to wszystko trzecie oko,
machnęłam na to płetwą, wzruszyłam gałęziami.

Podziało się, przepadło, na cztery wiatry rozwiało.
Sama się sobie dziwię, jak mało ze mnie zostało:
pojedyncza osoba w ludzkim chwilowo rodzaju,
która tylko parasol zgubiła wczoraj w tramwaju.







DISCORSO ALL’UFFICIO OGGETTI SMARRITI



Ho perso qualche dea per via dal Sud al Nord,
e anche molti dèi per via dall’Est all’Ovest.
Mi si è spenta per sempre qualche stella, svanita.
Mi è sprofondata nel mare un’isola e un’altra.
Non so anche dove mai ho lasciato gli artigli,
chi gira nella mia pelliccia, chi abita il mio guscio.
Mi morirono i fratelli quando strisciai a riva
e solo un ossicino festeggia in me la ricorrenza.
Non stavo nella pelle, sprecavo vertebre e gambe,
me ne uscivo di senno più e più volte.
Da tempo ho chiuso su tutto ciò il mio terzo occhio,
ci ho messo una pinna sopra, ho scrollato le fronde.

Perduto, smarrito, ai quattro venti se n’è volato.
Mi stupisco io stessa del poco di me che è restato:
una persona singola per ora di genere umano,
che ha perso solo ieri l’ombrello sul treno.



Wisława Szymborska, Ogni caso (Wszelki Wypadek, Czytelnik, Warszawa, 1972), Libri Scheiwiller, Milano, 2009 [seconda edizione], pp. 58-59. Traduzione dal polacco a cura di Pietro Marchesani.








DISCOURS AU BUREAU DES OBJETS TROUVÉS



J’ai perdu quelques déesses entre le sud et le nord
ainsi que bon nombre de dieux entre l’est et l’ouest
Quelques étoiles s’éteignirent pour moi, le ciel m’est témoin.
Une de mes îles, puis une autre sombra dans les abysses.
Je ne me souviens plus où j’ai laissé mes griffes,
qui parade dans mes poils, qui occupe ma carapace.
Mes frères et sœurs sont morts avant d’atteindre la rive,
un seul petit os en moi fête cet anniversaire.
Je sortais de moi-même, dilapidais vertèbres,
perdais mes esprits un nombre incalculable de fois.
Depuis longtemps j’ai fermé mon troisième œil à ce propos,
haussé les branches et passé la nageoire.

Tout perdu, dispersé, semé aux quatre vents.
Je m’étonne moi-même du peu de moi qui reste :
seule et unique personne, provisoirement humaine,
qui cherche son parapluie perdu il y a une semaine.



Wisława Szymborska, Cas où (Wszelki wypadek, 1972), in Je ne sais quelles gens, Fayard, Collection Poésie, 1997, page 76. Traduit du polonais par Piotr Kaminski.





WISŁAWA SZYMBORSKA


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Source




■ Wisława Szymborska
sur Terres de femmes

Complicités avec les morts
Mouvement (poème extrait de De la mort sans exagérer (Cent blagues [Sto pociech, 1967])
3 octobre 1996 | Wisława Szymborska, Prix Nobel de littérature (notice bio-bibliographique)
→ (dans la galerie Visages de femmes)
le Portrait de Wisława Szymborska (+ un poème extrait de Vue avec grain de sable et un autre extrait de Dans le fleuve d’Héraclite)



■ Voir | écouter aussi ▼

→ (sur FrancoSemailles)
plusieurs poèmes de Wisława Szymborska
→ (sur poets.org)
une notice bio-bibliographique (en anglais) sur Wisława Szymborska
→ (sur lyrikline blog)
Readings to remember: Wisława Szymborska





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