3 mai 1948 | Gérald Neveu, Du même côté

Éphéméride culturelle à rebours

« Poésie d’un jour »



L’âme blonde du temps - dans sa cage du temps des galères - la tresser doucement sous l’eau
Diptyque photographique, G.AdC







DU MÊME CÔTÉ



Dire ce qu’on dit chaque jour
les yeux fermés les yeux ouverts
Dire l’écharpe nouée dans l’air
la patience enfin mariée
enfin couverte d’agrafes
Son ombre changée en rosée
sa blessure dans tous les cœurs
comme un repas en plein azur
Une fleur terrasse le vent

Voici les murs rendus au plaisir
la lune ouverte à tout venant
le sable coulant des doigts
jusqu’au nadir

L’âme blonde du temps
dans sa cage du temps des galères
la tresser doucement sous l’eau



Je sais un être
une corne d’élégance
aux habitudes de fraîcheur
incendiant les doigts du feu
à même le silence

Le geste illuminé
par des rampes sourdes et fixes
libère un cheval de duvet
qui rencontrera le bonheur.



3 mai 1948.



Gérald Neveu, Comme les loups vont au désir, revue Actuel, Nos 2 et 3, 1967 [rééd. Comme les loups vont au désir. Toujours pour toi, Éditions Comp’act, 1993 ; 1996] in Gérald Neveu par Jean Malrieu, Éditions Seghers, Collection Poètes d’aujourd’hui, 1974, page 153.



GÉRALD NEVEU


Gérald Neveu




■ Gérald Neveu
sur Terres de femmes

Rite



■ Voir | écouter aussi ▼

→ (sur Esprits nomades)
Gérald Neveu, une fournaise obscure
→ (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes)
une notice bio-bibliographique sur Gérald Neveu
Portrait de Gérald Neveu par Jean Malrieu [document audio]
→ (sur enjambées fauves)
Quelques pas encore (poème extrait d’Une solitude essentielle)





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Commentaires

  1. Avatar de christiane
    christiane

    Étrange poème, déconcertant tant il ressemble à un collage surréaliste juxtaposant des images et des mots antinomiques de légèreté et de lourdeur, de douceur et de cruauté. On ne sait plus ce qui l’emporte d’un bonheur en traces fines ou d’une douleur agrafée à chacune de ces traces. La vie de cet homme semble terrible et errante.
    J’ai lu plusieurs fois ce texte et tenté de m’en écarter. Des fragments m’en reviennent comme les lambeaux d’une étoffe déchirée : la patience couverte d’agrafes… une fleur terrasse le vent… la cage du temps des galères… une corne d’élégance… les doigts du feu à même le silence… un cheval de duvet…… œuvre poétique au fort pouvoir de suggestion : graffitis sur les murs de solitude, pensée chavirant aux portes de la nuit, questions sans réponses, petits papiers couverts de poèmes et froissés au fond d’une poche, amis oublieux, temps de dérision et d’ivresse… tristesse…

  2. Avatar de christine bergassoli
    christine bergassoli

    Merci d’aimer Gerald Neveu, grand poète aujourd’hui trop oublié, et de restituer ici un peu de ce qu’il fut.

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