Lionel Ray | [Tu serais un arbre calme]

« Poésie d’un jour »




Feuille à feuille
Ph., G.AdC






[TU SERAIS UN ARBRE CALME]



Tu serais un arbre calme
modulant feuille à feuille des syllabes
éparses, étranger aux heures,
par un clair après-midi de juillet.


Tu serais l’étreinte de l’eau
et du vent, si proche du chant,
à l’embouchure de quelque fleuve secret,
si frêle aussi à l’horizon d’une voix


Qui cherche le chemin pressenti.
Tu serais ce que tu n’as jamais dit,
jamais vu ni rêvé ni pensé,


Tantôt fouet tantôt silence,
souriant miroir où quelquefois passent,
sur fond d’enfance, des images légères.




Lionel Ray, « Illisible visage », Syllabes de sable, Gallimard, 1996, in Comme un château défait, Éditions Gallimard, Collection Poésie/Gallimard, 2004, page 160. Préface d’Olivier Barbarant.






Lionel Ray, Comme un château défait,





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NOTE d’AP : le numéro 20 de la revue Siècle 21 (printemps/été 2012, 224 pages) propose un dossier sur Lionel Ray (« Lionel Ray : Le lyrisme bien tempéré »), autour de la Journée Lionel Ray qui s’est tenue le 17 mai 2011 à l’Université Paris-Sorbonne).





LIONEL RAY


Ray Kobel
Lionel Ray au festival Voix Vives
de Méditerranée en Méditerranée (Sète)
le 27 juillet 2010
Ph. : Pierre Kobel
Source





■ Lionel Ray
sur Terres de femmes

Navigation interstellaire (poème extrait d’Entre nuit et soleil)
Résurrection (poème extrait de Souvenirs de la maison du Temps)
Tu cherches la lettre perdue (autre poème extrait de Syllabes de sable)
Viatique



■ Voir aussi ▼

→ (sur le site du Printemps des poètes)
une fiche bio-bibliographique sur Lionel Ray
→ (sur le site de Patrick Raveau)
une note de lecture de Patrick Raveau sur Comme un château défait
→ (sur enjambées fauves)
un autre poème extrait de Comme un château défait
→ (sur le site de Poésie/première)
une page sur Lionel Ray
→ (sur La Pierre et le Sel)
« Lionel Ray, poète lyrique à trois têtes », une contribution de Jean Gédéon





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Commentaires

  1. Avatar de florence
    florence

    un chant rejoint le lecteur dès les premières strophes. Un éclat l’accompagne par la suite : « Tantôt fouet tantôt silence »
    Très belles histoires d’arbres

  2. Avatar de christiane
    christiane

    « Tu serais… » comme dans un jeu d’enfant… Ce conditionnel crée un passage du réel à l’imaginaire et nous fait entrer dans les métaphores choisies par Lionel Ray. Elles esquissent un monde fugitif de friselis lumineux : feuilles de l’arbre « calme » ou incertaine eau vive qui « cherche le chemin pressenti ». Images d’un bonheur qui affleure, suggéré, où même les mots désirés n’ont jamais été prononcés, écrits. D’image en image jusqu’à celles lointaines de l’enfance, ce « tu » à qui est dédié ce poème devient indicible, discret, « frêle » comme une présence mi-rêvée mi-réelle qui affleure dans une absence à soi. Émotion à lire ce poème en ses vibrations, ses incertitudes du possible réel, mystère de cette douceur attendue mêlée à une douleur inévitable (« fouet »… de l’écriture ?). Et si ce « tu » était adressé à ce « je », le poète aspirant à ce calme, à cette transparence comme dans ce miroir reflétant son visage… enfin souriant… Se parle-t-il ?

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