Jacques Dupin | La mèche

« Poésie d’un jour »



Dupin 3
Ph. angèlepaoli







LA MÈCHE (extrait)




Éteinte dans sa tombée
une phrase épanouie
frissonne dans l’aléa
des copeaux qui se dispersent


l’armature du tonneau
se tend à crever la panse
du gueux assoiffé de mots


l’intérieur du vin ouvert
comme un théâtre de consonnes
tangue dans les vertèbres


le hoquet est sublimé
par la secousse de l’air
sous la voûte du cellier


il reste à jeter au feu
les douelles du tonneau
et la griffe du poème




Jacques Dupin, « La mèche » in revue littéraire mensuelle Europe, n° 998-999 consacré à Jacques Dupin, juin-juillet 2012, page 22.





JACQUES DUPIN


Portrait of Jacques Dupin  Francis Bacon 1990
Source



■ Jacques Dupin
sur Terres de femmes

4 mars 1927 | Naissance de Jacques Dupin
22 janvier 1948 | Jacques Dupin, Lettre à René Char
Les graines brûlent sans souffrir
Pierre de soleil
Tendre est la sonorité



■ Voir | écouter aussi ▼

→ (sur remue.net)
un dossier Jacques Dupin
→ (sur YouTube)
Soirée d’hommage à Jacques Dupin, le 4 mars 2013, Maison de l’Amérique Latine à Paris. Par Jean Frémon, Yves Bonnefoy, Georges Raillard, Michel Deguy, Alain Planès, Florence Delay, Jean-Christophe Bailly.
→ (sur P/oésie, le blog d’Alain Freixe)
Entretien avec Jacques Dupin, « sourcier de l’ordinaire éclat »





Retour au répertoire du numéro d’août 2012
Retour à l’ index des auteurs


» Retour Incipit de Terres de femmes

Commentaires

  1. Avatar de christiane
    christiane

    J’aime retrouver la poésie sauvage et pure de Jacques Dupin. Sa parole brève, secrète, redoutable. Il fait tout exploser, les mots, les sons, les images. Ça sent le meurtre, la mort et pourtant c’est éblouissant comme s’il fallait faire le vide et renaître quelque part de ces copeaux de lumière tombés dans la nuit* du silence sans voix. Comme enfin, tout livre refermé, toute bouche close pour que ça naisse ce qui a mûri dans cette bataille du tout ou rien. Cette souffrance qui a pris le risque de la non-communication. Comme sa nuit d’écriture est longue… comme une encre qui le dévore, sans fin et le dénude lentement. Une solitude absolue, éprouvante. Ce qu’il écrit cherche l’origine de son écriture dans un lieu invisible pour nous, un lieu terrible, d’achèvement.
    (*photographie magique d’Angèle Paoli : qu’est-ce ?)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *