Pascal Commère | Lettre de la mère

« Poésie d’un jour »



C'est écrit, que les cours des fermages s'en vont grimper
Ph., G.AdC







LETTRE DE LA MÈRE



C’est presque le printemps, c’est écrit
dans la lettre


que les poulains sevrés (qui vont prendre
une année) ont des poux dans le poil
et de mauvais aplombs.


C’est écrit,


que les cours des fermages s’en vont
grimper ― qu’il faut compter,


économiser l’eau, préserver
l’herbe. Livrer combat.


(Mais où le fils ?)


Inventorier les créances passées,
refaire l’enclos, payer le scieur


et donner sciure aux chattes
qui mettent bas au fond des coffres.


(― Et parti sur quelles routes,
comme si c’était utile)


Près du lavoir caler la planche,
est-ce donc si difficile, l’empreinte
des genoux restée marquée depuis le gel.


Tout ça,


d’une encre qui retient la cendre
d’une blessure.― Ou si c’est colère,


cette part de nous que
n’éteint pas la neige.




Pascal Commère, « Lettre de la mère » in Mémoire, ce qui demeure, Tarabuste Éditeur, Collection Reprises, 2012, page 13.





PASCAL COMMÈRE


Commere
Source



■ Pascal Commère
sur Terres de femmes

[La courbe des fumées là-bas] (poème extrait de Territoire du Coyote)
Territoire du Coyote (note de lecture d’AP)
Mémoire, ce qui demeure (note de lecture d’AP)
[Blanche, la gelée aux quatre coins] (poème extrait de « Songe du petit cheval déplacé en terre franque »)
Sur la poussière
[Crayonné paysage] (poème extrait de « Sur une ligne de crête en Toscane »)



■ Voir | écouter aussi ▼

→ (sur Terre à ciel)
une page consacrée à Pascal Commère (nombreux extraits + notice bibliographique)
→ (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes)
une fiche bio-bibliographique sur Pascal Commère
→ (sur le site de France Culture)
Pascal Commère dans Ça rime à quoi de Sophie Nauleau (émission du 13 mai 2012)





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Commentaires

  1. Avatar de Mth PEYRIN

    Sais-tu que vient de sortir chez Obsidiane & Le temps qu’il fait – Les analectes, une anthologie des poèmes de Pascal COMMERE (1978-2009). C’est Chantal RAVEL qui nous l’a fait découvrir à nos lectures de La Cause des Causeuses chez Maguelone – Tu peux le rajouter à ta biblio. Il est nourrissant (395 pages !).
    Son titre : DES LAINES QUI ECLAIRENT.
    Voici un extrait pour ton retour (prochain ?) sur l’île et tes prochaines méditations sur les rencontres, p.185:
    DES ÎLES
    Aujourd’hui vous suivez le cortège – une amie
    se marie. Je vous demande comment sont les îles,
    vous ne répondez pas, ou tout bas. Les îles
    sont souvent si petites, on les cherche
    du doigt le soir sur un atlas.
    Vous revenez
    un jour de pluie – Salut à Perros pour ce carré
    de bleu là-bas… Rien ne change, le temps
    joue avec les essuie-glaces, un pare-brise
    éclaire.Le soir vient, une route en croise une autre,
    une autre quelque part, toujours. Une route perdue.
    *

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