Anna Akhmatova | La nuit

« Poésie d’un jour »



La lune
Photocollage, G.AdC






Ночью




Стоит на небе месяц, чуть живой,
Средь облаков струящихся и мелких,
И у дворца угрюмый часовой
Глядит, сердясь, на башенные стрелки.


Идет домой неверная жена,
Ее лицо задумчиво и строго,
А верную в тугих объятьях сна
Сжигает негасимая тревога.


Что мне до них? Семь дней тому назад,
Вздохнувши, я прости сказала миру,
Но душно там, и я пробралась в сад

Взглянуть на звезды и потрогать лиру.



1918, Осень
Москва







LA NUIT




La lune, à peine vivante, est dans le ciel
Dans les menus nuages qui ruissellent.
Au palais, la morose sentinelle
Lorgne là-haut l’horloge avec rage.


La femme infidèle rentre à la maison,
Et son visage est pensif et sévère ;
La femme fidèle, que le sommeil enserre,
Brûle d’une angoisse sans raison.


Mais peu m’importe, à moi. Il y a sept jours
J’ai dit adieu au monde dans un soupir.
Mais j’étouffe —me voici de retour,
Revoir les étoiles et toucher la lyre.



Automne 1918 (Moscou)



Anna Akhmatova, Poèmes 1911-1964, in Anthologie, Orphée/La Différence, 1997, pp. 88-89. Choix, traduction du russe et présentation par Jacques Burko.



Анна Андреевна Ахматова


Anna Akhmatova
Source




■ Anna Akhmatova
sur Terres de femmes


Le poète
Presque dans un album (poème extrait de L’Hôte venu du futur)
Réponse tardive, 16 mars 1940
→ (dans la galerie Visages de femmes)
Quatrième élégie du Nord




■ Voir | écouter aussi ▼


→ (sur Terres de femmes)
Marina Tsvétaïeva | J’aimerais vivre avec vous (Pour Akhmatova)
→ (sur Esprits nomades)
Anna Akhmatova | L’icône de la souffrance russe
→ (sur
ImWerden) Anna Akhmatova disant à voix haute des poèmes issus du recueil Requiem [archive sonore de 14 min 37s]





Retour au répertoire du numéro de décembre 2012
Retour à l’ index des auteurs

» Retour Incipit de Terres de femmes

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *