Fabiano Alborghetti | Canto 13

« Poésie d’un jour »

choisie par Thierry Gillybœuf






Il laissait errer son regard tout en prenant l’air attentif les dimanches de foi
Ph., G.AdC







CANTO 13.


Divagava con lo sguardo nel mimare l’attenzione
le domeniche di fede, il vestito tra gli scranni
moglie e figlio giusto accanto

se devoti o ammaestrati non sapeva. Interrogando
il volto in croce interrogava il come il quando
e se qualcosa per preghiera gli venisse ritornato

e quante occhi può contare chi dall’alto vede e veglia
e vede tutti per davvero? C’è premura di salvezza offerta in cielo?
Questa è vita da canile sussurrava non sentito:

siamo in mano alla pietà, ringraziamo dei frammenti
che pensiamo siano ascolto. Cosa resta della fame non saziata?
Imparare a comportare è la questione:

nel bisogno ognuno un credo, un estrarre un amuleto
che risveglia a giorni alterni un potere d’intervento.
Son diverso ripeteva a bassa voce, son diverso

e guardava gli esegeti di quel Cristo appeso in croce
reso quota per martirio: si chiedeva e se non basta?
Basta credere nell’uno si diceva calcolando

o più efficace l’occasione, tutto il caso degli opposti?


Fabiano Alborghetti, Registro dei fragili, 43 canti, Edizioni Casagrande, 2009, pagina 30. Prefazione di Fabio Pusterla.






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CHANT 13.



Il laissait errer son regard tout en prenant l’air attentif
les dimanches de foi, les beaux habits dans les travées
épouse et fils juste à côté

sans savoir s’ils étaient pieux ou bien dressés. Interrogeant
le visage en croix il interrogeait le quand et le comment
lui demandait si la prière lui vaudrait quelque chose en retour

et combien d’yeux peut-il compter celui qui d’en haut voit et veille
et les voit-il tous pour de vrai ? Se soucie-t-on d’un salut offert au ciel ?
C’est une vie de chien murmurait-il sans qu’on l’entende :

nous sommes aux mains de la piété, nous remercions pour les fragments
où nous croyons voir une écoute. Que reste-t-il de la faim inassouvie ?
Il faut apprendre comment se comporter :

dans le besoin chacun son credo, sortir une amulette
qui réveille un jour sur deux une force d’intervention.
Je suis différent répétait-il à voix basse, je suis différent

et il regardait les exégètes de ce Christ en croix
devenu cote par le martyre : il se demandait et si ça ne suffit pas ?
Suffit-il de croire en un seul se disait-il en calculant

ou plus efficace selon les circonstances, tout le débat des contraires ?


Fabiano Alborghetti, Registre des faibles, 43 chants (Registro dei fragili, 43 canti), Éditions d’en bas, Collection bilingue, Lausanne, 2012, page 43. Traduit de l’italien par Thierry Gillybœuf. Préface de Fabio Pusterla. Coédition avec Le Centre de traduction littéraire de Lausanne et Le Service de presse suisse.







Alborghetti, Registre










FABIANO ALBORGHETTI


Fabiano Alborghetti.2
[Ph. Alain Intraina – Fotostellanove – DR]
Source




■ Voir | écouter aussi ▼

le site officiel de Fabiano Alborghetti
→ (sur RTS.ch)
Fabiano Alborghetti, David Collin et Jean Richard (directeur des Éditions d’en bas) dans Entre les lignes (une émission du 4 mars 2013)
→ (sur YouTube)
Fabiano Alborghetti lit un extrait de Registro dei fragili (Canto 17)



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Commentaires

  1. Avatar de christiane
    christiane

    Drôle de monologue… Les prières dans l’urgence. Oui, c’est peut-être une amulette, peut-être pas… Il y a des passages dans la vie si difficiles… quand bien même il ne resterait que la foi du charbonnier pour secouer les silences d’en haut… On ne sait pas… Ça aide à traverser. Ça fait qu’on n’est pas tout seul. Enfin, on le croit… au pied de cette croix. Et si rien ne répond à cette toute petite prière du pauvre reste le chagrin, celui-là, il est bien à nous…

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