Olivier Barbarant | Une vie

«  Poésie d’un jour »




Elle était en façade fort peu versée vers le passé
Ph., G.AdC






UNE VIE



Aura-t-elle eu le temps de feuilleter des souvenirs ? Elle était
en façade fort peu versée vers le passé ; il y aurait alors eu
l’odeur d’étable et de cuisine à la ferme natale,
des pains frottés d’huile d’olive l’été dans les monts du Lyonnais,

des bals de promotion, des cafés à Dijon noyés de cigarettes,
les nuits à lire à l’internat, une lampe cachée sous les draps,
un triste rendez-vous en Suisse, quand seule et mineure,
elle avait en vain tenté d’avorter – l’aube blanche en Champagne,

toutes les teintes d’une terre arpentée par goût revanchard du voyage,
la mort d’un frère au fond d’un ravin, la souffrance
ordinaire de ce qu’on perd : parents, vieux amis, un mari

diminué qu’on s’obstine un temps à sortir, puis en dernière image
au loin entre les cils brûlés de sel et de soleil sur fond tremblant de mer
à jamais j’en suis sûr le profil d’un enfant.



Olivier Barbarant, « Une vie », Élégies étranglées, Champ Vallon, Collection recueil, 2013, page 51.



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NOTE d’AP : Élégies étranglées fait partie de la sélection du Prix des Découvreurs 2013-2014.



OLIVIER BARBARANT


Barbarant
Source




■ Olivier Barbarant
sur Terres de femmes


La nuit d’avril (extrait d’Un printemps divers)




■ Voir | écouter aussi ▼


→ (sur le site du cipM)
une notice bio-bibliographique sur Olivier Barbarant





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