Abbas Kiarostami | [à une profondeur de vingt mille lieues sous les mers]

«  Poésies d’un jour »



Quelqu’un de ce côté du mur quelqu’un de l’autre côté
Ph., G.AdC







[À UNE PROFONDEUR DE VINGT MILLE LIEUES SOUS LES MERS]




à une profondeur de vingt mille lieues
sous les mers
un hémistiche
ondulait
parmi les algues


quelqu’un de ce côté du mur
quelqu’un de l’autre côté
ignorance de l’un
ignorance de l’autre
seul le poète sait


huit à dix poissons petits et grands
et un hémistiche sur un papier
dans le filet des pêcheurs


quand je n’ai rien dans la poche
j’ai la poésie
quand je n’ai rien dans le frigo
j’ai la poésie
quand je n’ai rien dans le cœur
je n’ai rien


dans une chambre d’hôtel exiguë
j’ai composé un poème
sur la steppe


au point du jour
mon poème a fané
au lever du soleil
mon poème a passé


dans les vieux souliers de mon enfance
toujours se sont dissimulés
deux trois ébauches de poèmes


le cerf-volant que petit
j’avais lâché au vent
s’est aujourd’hui posé sur mon poème



Abbas Kiarostami, Sept heures moins sept [haft daqiqé mândé bé haft] in Des milliers d’arbres solitaires (œuvre poétique complète), éditions érès, Collection Po&psy in extenso dirigée par Danièle Faugeras et Pascale Janot, Toulouse, 2014, pp. 207-214. Poèmes traduits du persan par Tayebeh Hashemi & Jean-Restom Nasser. Collages de Medhi Moutashar. Version bilingue français/persan.







Kiarostami des milliers d'arbres solitaires






ABBAS KIAROSTAMI


AbbasKiarostami3
Source



■ Voir aussi ▼

→ (sur Terre à ciel)
Focus sur un auteur de Po&Psy : Abbas Kiarostami (+ extraits)





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