Tennessee Williams | The island is memorable to us

« Poésie d’un jour »


Tennessee Williams collage
Collage, G.AdC







THE ISLAND IS MEMORABLE TO US



The island is memorable to us
as the change of a mirror
or an underground river.

The island loses in going.
it appears to be still.
Half of it, now, is in shadow,

and yet it increases in going,
memorable as the moon’s changes.
It makes unnoticed advances

With an appearance of yielding;
it slips through the fingers,
a stone with a milky luster…

No, you cannot hold it, it
twists like a woman! Its nights
are memorable to us: the black

rope-straining goat’s golden-
eyed gaze at our passings,
the leghorn rooster, white

as a bare body’s twisting, the cross
enclosed by the cipher, the night
enclosed by the rose…

Oh, heavy our flow
compared to the weight of an island!
For we are the anchored, the island

a constant white gliding!



Tennessee Williams, In the Winter of Cities, A New Directions Books, 1956, 1964 ; The University of the South, 1984, 1992.






Tennessee Williams, In the Winter of Cities,







L’ÎLE NOUS RESTE EN MÉMOIRE



L’île nous reste en mémoire
comme le changement sur un miroir
ou une rivière souterraine.

L’île se perd en allant.
Elle semble être tranquille.
Une moitié à présent dans l’ombre

et pourtant elle augmente en allant,
aussi mémorable que les phases de la lune.
Elle fait des avances inaperçues

avec un semblant d’abandon ;
elle glisse entre les doigts,
une pierre au lustre laiteux…

Non, tu ne peux la tenir, elle
se tortille comme une femme !
ses nuits nous restent en mémoire : les yeux

d’or de la chèvre noire tirant sur sa
corde nous fixent quand nous passons,
le coq leghorn, blanc

comme un corps se tortillant, la croix
incluse dans un code secret, la nuit
incluse dans la rose…

Oh, le poids de nos flots
comparé à celui d’une île !
Car nous sommes ancrés, l’île

un constant et blanc glissement !



Tennessee Williams, Dans l’hiver des villes, Seghers, Collection Poésie d’abord, 2015, pp. 210-211-212-213. Édition bilingue. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jacques Demarcq.






Williams Seghers




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NOTE : Dans l’hiver des villes est un recueil de poèmes qui date de 1956. Pierre Seghers l’avait fait paraître en français en 1960 mais expurgé de 48 textes. Les voici disponibles dans une édition complète et entièrement retraduite par Jacques Demarcq. Tennessee Williams n’a publié que deux recueils de poèmes, celui-ci étant le premier, le second Androgyne, mon Amour, a été publié en 1977.





■ Voir aussi ▼

→ (sur le site des éditions Seghers)
la fiche de l’éditeur consacrée à Dans l’hiver des villes de Tennessee Williams
→ (sur Terres de femmes)
29 mars 1951 | Oscar de la meilleure actrice décerné à Vivien Leigh






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Commentaires

  1. Avatar de Christie

    c’est sublime
    sublissime
    merci !

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