Geneviève Raphanel | [Et dans ta main]

« Poésie d’un jour




III [– ET DANS TA MAIN]




Et dans ta main
tu montrais
la fleur de cognassier

et dans tes poches
plumes et cailloux
et chacun de leur nom

le ciel suspendait les hirondelles

les poissons
glissaient sous les péniches
les mariniers saluaient
le temps

le temps
comme le calendrier de la bible
ou une vivante
mythologie




Des oiseaux
passent derrière les fenêtres
mon père
suit leur vol

de très près

et dit que la distance
n’existe pas

Je vis soudain
l’abricotier en fleurs
disparu depuis longtemps

J’entendis les martinets
crier la lumière

Sépultures et visions
dans le bouillonnement
de la pluie
Couronnes au fil de l’eau
laissées pour compte

petites personnes
glougloutantes
le tonnerre les maintient
à mains nues
accrochées
aux feuilles des saules




Des trous
on dirait trop remplis
d’air ou de mots
ou d’images
douloureuses à soi-même

on les a écartées
tout le jour

elles reviennent le soir

Surgissaient-ils
d’une forêt obscure
des mots non
familiers démons
soudain à l’oreille
des mots dépenaillés
on n’en cherchait
même pas le sens

Et les dépenaillés
eux dormaient-ils
dans quelque grange
Ou par peur
étaient-ils restés
enfermés dans le bois
peur d’en sortir
ou qu’on les fasse sortir

les mots
les morts
et tant d’autres ombres



Geneviève Raphanel, « III – Et dans ta main », Temps d’ici et de là-bas, éditions Rougerie, 2016, pp. 40-41-42-43.






Raphanel 2






GENEVIÈVE  RAPHANEL


Geneviève Raphanel
Source



■ Voir aussi ▼

→ (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes)
une fiche bio-bibliographique sur Geneviève Raphanel
→ (sur Recours au Poème)
une notice bio-bibliographique sur Geneviève Raphanel (+ 10 poèmes choisis)







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