[EST-CE LÀ MOI CETTE TÊTE DÉTACHÉE… ?]
Est-ce là moi cette tête détachée qui chante sur les eaux, avec du sang dans les cheveux, parmi ces branches liquides, ces fleurs, tout ce dont je me souviens ? Est-ce là le bref amant d’une femme ensevelie, d’un fils du vent ? Est-ce là encore l’enchanteur des animaux et des bois ?
Cette ombre où rôde un visage porte-t-elle encore un nom, et serait-ce le mien ? J’entends et je vois des silhouettes qui murmurent sur la rive, et des chandelles qui rêvent vacillantes dans les arbres : là sont les spectres qui me rejoignent — ici s’élèvent des chants, et deux parmi les plus beaux noms du monde, Eurydice ! Eurydice ! Calaïs ! Calaïs ! résonnent à l’unisson entre mes lèvres.
Frédéric Tison, « Cahier II, Sylvestres », XXI in Le Dieu des portes, Librairie-Galerie Racine, Collection Les Hommes sans Épaules, 2016, page 59. Prix Aliénor 2016.
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