Jean Tortel | Jeter le mot

« Poésie d’un jour



JETER LE MOT
(EXTRAIT)




La parole n’est pas ailleurs
Le lys le sang la pierre sont là
Avec leur odeur leur force
Je t’aime autant que le blé
Fort à l’odeur de lance

Nulle autre neige nul autre poids
Hors d’elle je m’embarrasse
Et je m’en vais de nous

Celui qui parle ne se trompe pas
Je parle Est-ce que je parle
Un navire est perdu

Lointaine et proche
Tout est miroir
Lointaine et proche et toi
Confondue mais présente
Toujours légèrement plus proche
Que toute parole

Qu’elle naisse de toi
Qu’elle te fasse vivre
Je prononce ton nom
Qui la suscitera

Je dis herbe ou miroir
La parole est surprise
Même dans ton sommeil
Elle n’a point d’abri

Je ne sais si c’est toi
Qui parais la première
Flammé douceur verger
Je ne distingue pas



Jean Tortel, « Jeter le mot », Naissances de l’Objet, Cahiers du Sud, 1955 in Yves Di Manno & Isabelle Garron, « Prémices d’un nouveau monde prosodique », Un nouveau monde, Poésies en France, 1960-2010, Flammarion, Collection Mille&unepages, 2017, pp. 158-159.






Naissances de l'objet 2






JEAN TORTEL


Jean Tortel
Ph. : Jean Marc de Samie
– tous droits réservés
Source





■ Jean Tortel
sur Terres de femmes

[Et de l’eau | Avant la nuit] (extrait de Relations)



■ Voir aussi ▼

→ (sur remue.net)
Jean Tortel | Fragment personnel, par Philippe Rahmy
→ (sur universalis.fr)
une notice sur Jean Tortel





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