Armen Lubin | Feux contre feux

« Poésie d’un jour


FEUX CONTRE FEUX



Deux surfaces, mêmes dimensions :
Mon front et le ciel étoilé.
Deux surfaces, feux contre feux.

Gâchis contre gâchis mais exaltés
Par la fusion des nuits à hautes cimes,
Mais chute aussi qui me corrige,
L’écart rétabli, fini le prestige.

Comme on est malhabile, convalescent,
Rejeté ainsi, hors de l’élément !

Froidement vidé je me sentis
Quand retomba ma dépouille,
Poches retournées je me sentis.

Par la fusée et la fusion lointaines,
Dans les hauteurs où tout est urgent,
J’ai vu le ciel, il livrait le domaine.

J’ai vu le point nul du sacre :
Absorption, déchirement, simulacre
De tout ce qu’ici-bas
Nous ne pouvons pas posséder,
Ici-bas et en ces lieux
Où fuse l’amour : feux contre feux.

Gâchis contre gâchis mais exaltés
Jusqu’à la plus haute source des larmes,
Mais chute aussi qui me corrige,
L’écart rétabli, fini le prestige.

Comme on est vain, presque mort,
Poches retournées, dedans dehors.



Armen Lubin, « Feux contre feux », Les Hautes Terrasses, Gallimard, 1957, in Le Passager clandestin, Sainte patience, Les Hautes Terrasses, Éditions Gallimard, Collection Poésie/Gallimard n° 404, 2005, pp. 205-206. Préface de Jacques Réda.






Armen Lubin





ARMEN LUBIN


Armen Lubin 3





■ Voir aussi ▼

→ (sur le site des éditions Gallimard)
la fiche de l’éditeur sur Le Passager clandestin – Sainte patience – Les Hautes Terrasses
→ (sur le site de la revue Les Hommes sans épaules)
une notice bio-bibliographique sur Armen Lubin





Retour au répertoire du numéro de décembre 2017
Retour à l’ index des auteurs

» Retour Incipit de Terres de femmes

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *