Emmanuel Moses | [La mer, à peau de cétacé]

« Poésie d’un jour



[LA MER, À PEAU DE CÉTACÉ]



La mer, à peau de cétacé.


Nous disparaîtrons sans laisser de traces. Mais nous aurons compris le secret de l’univers.


La corne de bélier (le Shofar), dont on sonne au Nouvel An juif et qui produit une note – unique, déchirante – identique à celle d’une sirène, transforme l’assemblée en voyageurs et la synagogue en navire. Elle annonce un départ pour l’avenir, c’est-à-dire pour l’inconnu, avec ses promesses et ses périls. Qui mourra et qui vivra ?


Le paradis aux acacias : ce lieu, ces instants, c’était tout pour moi ; la substance du bonheur. Et la substance du bonheur, c’est d’être. D’être, exclusivement, impérieusement, son essence propre. Intolérant au reste, eût-il ses lettres de noblesse.


Cette colonne grecque ne soutient plus que le soleil. Quelle puissance émane d’elle ! Atlas n’en dégageait pas plus. L’abattrait-on que, telle est l’impression du spectateur à ses pieds, la ville serait anéantie par le firmament dont le bloc d’azur convexe pulvériserait tout sous son poids.


[…]


Et si, dans la grande roue de la vie, on pouvait dire au machiniste : « Je me suis bien amusé. Maintenant, ayez l’obligeance de me laisser descendre. » ?



Emmanuel Moses, Le Paradis aux acacias, éditions Al Manar, 2018, pp. 34-35. Gravures de Sylvie Turpin.






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EMMANUEL  MOSES


Emmanuel Moses
Ph. © Jean-Luc Bertini
Source




■ Emmanuel Moses
sur Terres de femmes


[La pluie donne un soir inachevé](poème extrait de Dona)
La fleur « Shortia » (extrait de Polonaise)
[Derniers feux](extrait d’Ivresse)
[Aujourd’hui j’ai ouvert le journal de l’éternité](extrait de Dieu est à l’arrêt du tram)
[Je ferme les yeux](autre extrait de Dieu est à l’arrêt du tram)
[Je suis allée au puits](extrait de Comment trouver comment chercher)
Ivresse (lecture de Gérard Cartier)
Quatuor (lecture d’AP)
[Mais voilà il y a un au-delà des apparences](extrait de Quatuor)
Tout le monde est tout le temps en voyage (lecture d’AP)
Tardives (poème extrait de Tout le monde est tout le temps en voyage)
[Mettre un éléphant dans un poème](extrait d’Un dernier verre à l’auberge)
[Le cahier vide et le cahier qui se remplit](extrait du Voyageur amoureux)




■ Voir aussi ▼


→ (sur le site des éditions Al Manar)
la fiche de l’éditeur sur Le Paradis aux acacias



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