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« Que mes seins te provoquent » Ph., G.AdC CRIS (extraits) Combien d’amours ont fait crier ton lit ? Combien d’années ont ridé tes yeux ? Qui a vidé tes seins épuisés ? Je t’ai regardé avec mes yeux de plomb Et mes illusions ont éclaté Laissant derrière elles Ta vieillesse Qui ne peut répondre à mes questions. […] Insensiblement tu glisses vers la folie des rêves. Insensiblement tes yeux se ferment à la vie. Tes prunelles dilatées se noient dans l’océan blanc. Ta bouche tombe en versant le trop-plein De ta cervelle sans amarres De ta langue paralysée. La chambre toute la chambre se crispe en attendant Tes hallucinations. * Que mes seins te provoquent Je veux ta rage. Je veux voir tes yeux s’épaissir Tes joues blanchir en se creusant. Je veux tes frissons. Que tu éclates entre mes cuisses Que mes désirs soient exaucés sur le sol fertile De ton corps sans pudeur. […] Les vices des hommes Sont mon domaine Leurs plaies mes doux gâteaux J’aime mâcher leurs viles pensées Car leur laideur fait ma beauté. Joyce Mansour, Cris [Éditions Seghers, Paris, 1953] in Joyce Mansour, Prose et poésie | Œuvre complète, Actes Sud, 1991, pp. 326-327. Édition préparée par Sabine Wespieser. Emboîtage avec papier de reliure créé par Pierre Alechinsky.
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