Fabienne Courtade | [le fleuve s’entend au loin]

« Poésie d’un jour




[LE FLEUVE S’ENTEND AU LOIN]





le fleuve s’entend au loin


Nous respirons ensemble


un grand feu nous soulève

embrase les odeurs, le grain de la peau

la douceur des cheveux

son haleine



cette fois j’inventais les souvenirs
j’aspirais à grands poumons


qui a disparu ?
qui était là
juste avant
je ne sens plus rien

pas une respiration
J’écoute seulement
la rumeur

un flottement au-dessus
ville remplie d’arbres et d’allées



toutes les ombres sont effacées
je ne reconnais rien



au milieu

je refais le même rêve
un autre temps
se décline
que nous devons descendre
ou traverser

à nouveau



au bout du couloir
des formes humaines

des portes
nous descendons trop vite

notre vie presque à reculons
d’un claquement
tombe


doigts, pensées, muscles noués

bouche et yeux



nettoie par terre les sacs
éclatés


se perd
un peu de sang      renversé ( balayé )



morceaux de kleenex ont déjà servi
plusieurs fois    ramollis effilochés    en bouillie
ces jours-là on les reprend    au début
sortis des poches des sacs
écrasés
sous les talons



Petite passerelle entre nous
et ces mots sur un mur

Collés en pleine nuit


s’en aller est impossible





« À qui la vie humaine est une expérience à mener le plus loin possible »





Fabienne Courtade, Corps tranquille étendu, Flammarion, Collection Poésie/Flammarion dirigée par Yves di Manno, 2017, pp. 115-118. Couverture d’après une photo de l’auteur.






Fabienne Courtade  corps tranquille étendu




FABIENNE COURTADE


Fabienne Courtade
Source




■ Fabienne Courtade
sur Terres de femmes


Table des bouchers, poésie (lecture d’AP)
suffoquer prendre cette douleur (extrait de Table des bouchers)
Rien ne nous précède (extrait de Ciel inversé)
19 août 2004 | Fabienne Courtade, le cœur bat très vite
→ (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
poème inédit [sans titre]





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