Jean-Louis Giovannoni | [Ne me laisse pas ici parmi les ombres !]

« Poésie d’un jour


[NE ME LAISSE PAS ICI PARMI LES OMBRES !]





Ne me laisse pas ici parmi les ombres !





Ultime tenue.

Et l’air alors s’avale
Entièrement.





Rien ne reste en toi. Tes mots sont trop fluides.





Inutile d’attendre, tu n’es déjà plus là.





On se tient dans le visage de l’autre. En dehors, c’est le vide.





Tu aimerais qu’un nœud se forme en toi.





Paroles, phrases… l’air les dissout.





Un sol, même dans l’air, nous conviendrait.





En donnant naissance, peut-être verras-tu enfin le visage qui se cachait en toi ?





Qui peut parler au-delà de ses mots ?





Qu’est-ce qui bouge en toi quand tu bouges ?





Nous tenons à la verticale grâce aux sphincters qui retiennent notre matière.





Appartenir… à quoi que ce soit, peu importe, aux murs si besoin – pourvu que ça tienne !





Immeuble, mer montagne… nous regardent, ne nous quittent pas des yeux. Imagine s’ils se détournaient ne serait-ce qu’un instant.





Nommer une chose, c’est l’éloigner à jamais.




Jean-Louis Giovannoni, L’air cicatrise vite, Éditions Unes, 2019, pp. 11-14. Vignette de couverture de Jean-Michel Marchetti.



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NOTE DE L’ÉDITEUR : Ces fragments sont extraits de carnets écrits entre 1975 et 1985.






Giovannoni  L'air cicatriise vite



JEAN-LOUIS GIOVANNONI


Giovannoni
Ph. © Fabienne Vallin
Source





■ Jean-Louis Giovannoni
sur Terres de femmes


[Aucune sortie possible] (extrait d’Envisager)
Ce que l’immobile tient pour geste (extrait de Pastor, Les Apparitions de la matière)
Envisager (lecture de Tristan Hordé)
L’Échangeur souterrain de la gare Saint-Lazare (lecture d’AP)
[Vue imprenable] (extrait de L’Échangeur souterrain de la gare Saint-Lazare)
Voyages à Saint-Maur (lecture d’AP)
[Huitième voyage à Saint-Maur]
Îles circulaires
[Il faut si peu de chose]
Issue de retour (lecture d’Isabelle Lévesque)
Issue de retour (lecture d’AP)
[Je ne sais pourquoi l’autruche me fascine autant] (extrait de Journal d’un veau)
[Le jour se lève] (extrait de Sous le seuil)
Mère
[Notre voix] (extrait de Ce lieu que les pierres regardent)
[Nous venons d’un pays qu’on ne peut plus toucher] (extrait de On naît et disparaît à même l’espace)
[Pourras-tu encore témoigner…] (extrait des Mots sont des vêtements endormis)
Sous le seuil (lecture d’AP)
[toujours cette envie de t’ouvrir]
[Tout se cicatrise] (extrait de Garder le mort)
[Troisième voyage à Saint-Maur]
Jean-Louis Giovannoni | Stéphanie Ferrat, « Les Moches » (lecture d’AP)
Jean-Louis Giovannoni | Marc Trivier, Ne bouge pas ! (lecture d’AP)





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