MAN’ZA
Man’za avait
toujours été vieille
sa main droite appuyée
sur ses reins courbés
Parfois nous grimpions
sur ses maigres genoux
Son tablier de tergal
crissait sous les ongles
Nous passions
des heures entières
à feuilleter
des catalogues
Nous aimions
le papier glacé
son odeur vernis frais
admirions
les dents parfaites
des mannequins
Man’za n’en avait plus
depuis longtemps
ÉLISA
Man’za
avait toujours été vieille
C’est ce que je croyais
Pourtant
face à son lit
cette photo jaunie
un jeune homme
aux yeux clairs
en tenue militaire
Man’za
avait été belle
Elle avait reçu les baisers
les avait donnés aussi
Estelle Fenzy, Gueule noire, éditions La Boucherie Littéraire, Collection Sur le billot pour tous dirigée par Antoine Gallardo, 2019, s.f. Monotypes de Colette Reydet.

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