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J’AI ÉGARÉ MON NOM (extrait) J’ai égaré mon nom Là-bas à la courbe du Yolgambi Après un grand chaos Sous une bâche en plastique J’ai égaré mon nom Dans un camp de fortune Noyé dans la boue par des larmes de souffrance Au milieu des pleurs d’enfants J’ai égaré mon nom À l’endroit où des regards désemparés de parents Imploraient un horizon fracassé Où un ciel guère bleu vomissait à rendre l’âme J’ai égaré mon nom dans ce carrefour bruyant De naufragés sur le qui-vive Victimes des bombes incendiaires de soudards Sourds aux cris de ceux qu’on napalme J’ai égaré mon nom À l’heure du « sauve-qui-peut sa peau ! » Oubliant qui j’étais Debout seul face à ce qu’il reste des miens Qui ne bougeront plus et vivront de rien À la courbe du Yolgambi j’ai vacillé à l’écoute De la rumeur annonçant la terre promise J’ai vacillé sensible au vacarme de tant d’affligés Démunis délaissés que la raison quitte J’ai égaré mon nom sur la berge du grand fleuve Sur une berge de boue abîmée par tant d’épreuves Désormais moins qu’un émissaire Porteur d’aucun mandat Suis-je un pauvre voyageur Condamné dès sa prime jeunesse À une quête d’ailleurs sans répit Brin de paille volante Serai-je emporté par secousses et remous Dans un monde persécuté Abdoul Ali War, J’ai égaré mon nom précédé de Ode aux pères, éditions Obsidiane, Collection Le Manteau & la Lyre dirigée par Nimrod, 2020, pp. 31-32. [en librairie le 6 mars 2020] Source ■ Voir aussi ▼ → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes) une notice bio-bibliographique sur Abdoul Ali War |
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