22 juillet 1882 | Naissance d’Edward Hopper

Éphéméride culturelle à rebours


Naissance à Nyack [New York] le 22 juillet 1882 du peintre américain Edward Hopper, mort à New York le 15 mai 1967.






Hopper 1
Edward Hopper
House by the Railroad, 1925

Huile sur toile, 61 cm x 73,7 cm
The Museum of Modern Art, New York





Un des plus illustres représentants de l’école réaliste américaine, Edward Hopper, s’inspire de l’art de la photographie pour donner corps à son travail. Marqué par les paysages de l’Amérique du Nord (Cap Cod lui inspire plusieurs de ses toiles), le peintre excelle dans la représentation d’espaces clos, pris dans les contrastes d’une lumière diffuse et lourde à la fois. L’atmosphère, pesante, y devient irrespirable. Les personnages, figés dans des attitudes qui les tiennent à distance les uns des autres, diluent autour d’eux un vif sentiment de décalage mental. Livrés à leur solitude et à leur silence, ils laissent échapper une froide mélancolie. Qui gagne peu à peu le spectateur. L’impression de mal-être domine et pourtant, l’on reste là à contempler les toiles pour tenter d’en saisir le mystère. Mystères de décors souvent vides de vie, mystères des acteurs qui les occupent sans pour autant les habiter. À trop se laisser porter par cette « inquiétante étrangeté », le regard de l’âme s’imprègne d’une froide et pétrifiante nostalgie. Qui laisse pour longtemps le spectateur hors du monde sensible. Comme anesthésié lui aussi par une absence intolérable.


Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli







Hopper 3
Edward Hopper
Hotel Room, 1931

Huile sur toile, 152,4 x 165,7 cm
Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid





BALISES


« Qu’est-ce qui caractérise ces œuvres qui, de 1921 à Chair Car, en 1965, vont désormais baliser la destinée de Hopper ? D’abord, la présence de l’être humain, qui manquait dans les paysages – mais peut-on vraiment parler de présence ? Ces hommes et ces femmes debout, assis, et qu’on dirait immobiles, et qui regardent au loin, ou nulle part, ce ne sont pas en tout cas des personnes identifiables, de celles qui ont un nom et pourraient avoir vécu hors de l’œuvre. Réfrénant ses pouvoirs d’observation sur le vif, comme il a déjà sacrifié beaucoup de ses pouvoirs de coloriste, Hopper élimine de ses dessins préparatoires, dont on connaît de nombreux, ce qui le retiendrait à la personne qui pose, il la réduit à des caractères très généraux qui ne préciseront qu’à peine le vêtement, le contexte, et cela fait de ses personnages des figures qui semblent closes sur elles-mêmes, à l’épreuve de nos désirs d’en pénétrer le silence. »



Yves Bonnefoy, Dessin, Couleur et Lumière, Mercure de France, 1995, pp. 239-240.

» Retour Incipit de Terres de femmes