Jean-Louis Giovannoni | [Vue imprenable]


[VUE IMPRENABLE]



Vendredi 1er mars


Cette étude sur le va-et-vient des jambes et des pieds peut paraître assez vaine, voire stupide. J’en conviens. Le sujet est loin d’être noble et n’offre pas un intérêt scientifique de premier ordre. En me lisant, on peut même se demander pourquoi je me suis acharné à recenser ces faits et gestes qui ne font qu’apparaître et disparaître. Je répondrais à mes détracteurs qu’il est plus facile de dénigrer ce que l’on tient à distance que ce que l’on fréquente de près pendant des semaines et des mois. Si on jette un regard rapide sur ces foules, on ne verra que des déplacements, dans un sens ou dans un autre, et les beaux esprits, qui me critiquent, en déduiront que je m’adonne à des travaux inutiles. Ce monde mouvant mérite bien mieux. Penchons-nous un peu sur lui. Par exemple : plus on réduit un corps à sa simple expression, moins il prend de place, et comme nos intérieurs en manquent terriblement, ces réductions trouveront en nous asile et réconfort. Nous sommes tous témoins que nous nous laissons plus facilement pénétrer par ce qui n’a pas de volume. Je saisis mieux, à présent, l’expression que nous prononçons devant un océan, ou au sommet d’une montagne : « Vue imprenable ». Elle résume assez bien notre condition, celle de ne pouvoir emmagasiner que sensations, images et mots.



Jean-Louis Giovannoni, L’Échangeur souterrain de la gare Saint-Lazare, roman intérieur, éditions Unes, 2020, page 31.





Jean-Louis Giovannoni  L'Echangeur souterrain



JEAN-LOUIS GIOVANNONI


Giovannoni
Ph. © Fabienne Vallin
Source





■ Jean-Louis Giovannoni
sur Terres de femmes


L’Échangeur souterrain de la gare Saint-Lazare (lecture d’AP)
[Ne me laisse pas ici parmi les ombres !] (extrait de L’air cicatrise vite)
[Aucune sortie possible] (extrait d’Envisager)
Ce que l’immobile tient pour geste (extrait de Pastor, Les Apparitions de la matière)
Envisager (lecture de Tristan Hordé)
Voyages à Saint-Maur (lecture d’AP)
[Huitième voyage à Saint-Maur]
Îles circulaires
[Il faut si peu de chose]
Issue de retour (lecture d’Isabelle Lévesque)
Issue de retour (lecture d’AP)
[Je ne sais pourquoi l’autruche me fascine autant] (extrait de Journal d’un veau)
[Le jour se lève] (extrait de Sous le seuil)
Mère
[Notre voix] (extrait de Ce lieu que les pierres regardent)
[Nous venons d’un pays qu’on ne peut plus toucher] (extrait de On naît et disparaît à même l’espace)
[Pourras-tu encore témoigner…] (extrait des Mots sont des vêtements endormis)
Sous le seuil (lecture d’AP)
[toujours cette envie de t’ouvrir]
[Tout se cicatrise] (extrait de Garder le mort)
[Troisième voyage à Saint-Maur]
Jean-Louis Giovannoni | Stéphanie Ferrat, « Les Moches » (lecture d’AP)
Jean-Louis Giovannoni | Marc Trivier, Ne bouge pas ! (lecture d’AP)




■ Voir aussi ▼


→ (sur le site des éditions Unes)
la fiche de l’éditeur sur L’Échangeur souterrain de la gare Saint-Lazare





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