Jean-Marie Barnaud | Passage de l’étranger

« Poésie d’un jour


PASSAGE DE L’ÉTRANGER



Il me rend de plus en plus souvent visite
l’étranger
Il s’agite dans le sang plus rare
et timide
de l’âge
Je n’entends plus sa voix
ne distingue plus son visage
Tous reflets perdus à jamais

Je ne sais de lui
que ses gestes ses courses vives
et toujours neuves
elles le suffoquent
le jettent à terre
ébloui
dans la solitude des prés

Avec au-dessus de lui
vide et serein
le ciel
et de grands arbres aux feuilles d’argent
qui frémissent

Quelle spirale invente
la boucle du temps
quel retour ?
c’est peut-être la fin
qui s’annonce

Et lui l’enfant rieur
qui me précède
et tourne en vrille sur la place
comme un derviche étourdi dans sa transe
s’est-il jamais enquis de ces choses
quand mille échardes l’ont blessé



Jean-Marie Barnaud, « III. Passages », Allant pour aller, Cheyne éditeur, Collection 40 ans, 2020, pp. 42-43. Image de couverture : Anne-Laure H-Blanc.





Allant pour aller



JEAN-MARIE BARNAUD


Barnaud Ph Laurent Colonna
Ph. © Laurent Colonna
Source





■ Jean-Marie Barnaud
sur Terres de femmes


[Main accordée à l’autre main] (poème extrait de Fragments d’un corps incertain)
Le dit d’Olivier de Serres (poème extrait de Sous l’écorce des pierres)




■ Voir aussi ▼


→ (sur Terre à ciel)
un entretien avec Jean-Marie Barnaud
→ (sur P/oésie)
Jean-Marie Barnaud : Les enjeux du poème (conférence prononcée en 1983 lors du Festival international de poésie de Taipei)
→ (sur le site de Cheyne éditeur)
la page de l’éditeur sur Jean-Marie Barnaud





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