Claudine Bohi | [La raison sort toujours de l’irrationnel]

« Poésie d’un jour


[LA RAISON SORT TOUJOURS DE L’IRRATIONNEL]




La raison sort toujours de l’irrationnel.
Elle en a besoin.
Elle s’en nourrit pour trouver la force de s’en détacher.

Cyril* rêvant exact.

Le cœur est si puissant !


en nous se livrent
des combats
que nous ne savons pas

qui nous sont étrangers

que nous menons tout au creux
de nos chairs

et féroce l’issue

avec nos mains ardentes
qui voulaient autre chose


lever les yeux vers le ciel

en ramener tout le bleu

sans rien toucher
que sa propre main

sa propre voix

la traversée est infinie


ce qui fut bougé
ce qui fut tenté

et le grand nœud quelque part
fut noué


nous venons de si loin

l’espace par petits bouts
nous l’avons découpé

en nous labile
il est devenu mobile

nous ouvrons tant de portes


ce qui fut noué
la chair avec le verbe

nous parlons pour nous réconcilier

traversés çà et là
par ce qui nous fait plus grands
que ce que nous sommes


Petit robot se déplace de quelques dizaines de mètres par jour.
Il perce dans les roches.

À ce jour 16 échantillons ont été analysés.

On a détecté des argiles.
On peut aller chercher des analogues terrestres.
Les étudier.

Beaucoup s’en chargent.

D’internationales équipes de chercheurs.

On a bien mis en évidence des matières organiques sur Mars,
mais ce qu’on a analysé c’est des produits de réaction.

Petit robot travaille, travaille.
Petit robot travaille pour nous.

Petit robot cherche pour nous.

La science travaille. La science avance.

Que cherchons-nous dans le monde ?
Que cherchons-nous dans l’espace ?



Où est notre demeure ?





Claudine Bohi, Rêver réel, éditions La tête à l’envers, 58330 Crux-la-Ville, 2020, pp. 74-79. Préface et peintures de Germain Roesz.



___________________________
* Le recueil Rêver réel est dédié à Cyril Szopa, astrochimiste et exobiologiste, enseignant chercheur au LATMOS, Université de Versailles-Saint-Quentin-en -Yvelines et Sorbonne Université.






Claudine Bohi  Rever réel




CLAUDINE BOHI


Claudine Bohi 2
Source





■ Claudine Bohi
sur Terres de femmes


Naître c’est longtemps (lecture d’AP)
Naître c’est longtemps (lecture de Philippe Leuckx)
Corps levé (poème extrait de Naître c’est longtemps)
[brouillard n’est pas absence] (poème extrait d’Éloge du brouillard)
Et cette fièvre qui demeure
Secret de la neige (poème extrait de L’Enfant de neige)
[Duels de lumière] (poème extrait de La plus mendiante)
[je laisse tomber le mot maman] (poème extrait de Mère la seule)
Le funambule sans son fil (poème extrait de Même pas)
Mère la seule (lecture d’Isabelle Lévesque)
L’invisible (poème extrait de Mettre au monde)
[L’eau son puits étrange] (poème extrait d’On serre les mots)
[à force de mots sur la peau] (poème extrait de Parler c’est caresser un corps)
Une lumière de terre (poème extrait d’Une saison de neige avec thé)
Claudine Bohi | Philippe Bouret, Cet enfant sans mot qui te commence (lecture d’AP)
Claudine Bohi | Olivier Gouéry [Voici donc le matin]
→ (dans l’anthologie Terres de femmes)
si ce n’est pas trembler




■ Voir aussi ▼


→ (dans la poéthèque du site du Printemps des poètes)
une fiche bio-bibliographique sur Claudine Bohi
→ (sur le site des éditions La tête à l’envers)
la fiche de l’éditeur sur Rêver réel de Claudine Bohi





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